Que les êtres se définissent par une existence charnelle ou par une conscience désincarnée, l’articulation entre corps et esprit reste une notion difficile à penser et à aborder comme le montre l’évitement de la question de la matérialité des corps en contextes scolaires dans la littérature de recherche. Cette absence de questionnement sur la place du corps à l’école est en elle-même une information significative qui pointe les paradoxes actuels de cet objet de recherche : le corps, ses fonctions, ses attributs sont à la fois omniprésents dans les médias contemporains mais semblent être un impensé des réflexions menées sur les lieux d’éducation et de formation.
Pourtant, corps des élèves et corps des enseignant.e.s sont indissociables des personnes qu’ils incarnent et les « esprits » ne se promènent pas tous seuls dans la cour de récréation ni dans la salle des professeur.e.s. Le Dossier de veille n°126 du mois de novembre 2018 souhaite interroger la notion du corps à l'école, en particulier lors de la période adolescente, que ce soit dans la prise en compte du corps des élèves dans l'enceinte scolaire, au niveau des représentations enseignantes et adolescentes liées au corps, pendant les apprentissages du et sur le corps et enfin dans les espaces et interactions corporels. Les relations entre climat scolaire, bienêtre à l'école et usages sociaux du corps sont également évoquées.
Les problématiques de corporéité et d'incorporation sont présentées en filigrane pour mieux saisir le poids de la dualité corps/esprit qui pèse sur les liens entre corps et conscience, entre corps vivant (physiologique) et corps vécu (ou sensible) sur lequel les expériences quotidiennes marquées par la culture semblent prendre le pas sur la naturalité de l’organisme.