Traitement grapho-syllabique et discrimination phonologique chez les dyslexiques: des recherches fondamentales à la remédiation

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Publié le 29 novembre 2017
Publication dans la revue A.N.A.E en lien avec l'Institut Carnot de l'Éducation (projet ARDiLec).


Référence : Magnan, A. - Ecalle, J. (2017). Traitement grapho-syllabique et discrimination phonologique chez les dyslexiques: des recherches fondamentales à la remédiation. A.N.A.E., 148, p. 344-352.

Résumé : Il est aujourd’hui admis que chez une majorité d’enfants dyslexiques, le trouble de la lecture est dû, au niveau cognitif, à un déficit dans la représentation mentale et/ou le traitement des sons de parole. Les faibles performances d’un sous-type de dyslexiques à des épreuves classiques d’évaluation des habiletés phonologiques attestent de ce déficit phonologique. Par ailleurs, de nombreuses études longitudinales montrent que ce déficit prédit les difficultés ultérieures en lecture avant l’instruction formelle de la lecture (Puolakanaho et al., 2007 ; Caravolas et al., 2012). Si l’hypothèse de représentations phonologiques dégradées a souvent été évoquée, des travaux plus récents suggèrent que les représentations phonologiques des dyslexiques seraient intactes, mais plus difficilement accessibles (Boets et al., 2013 ; Maïonchi-Pino et al., 2013 ; Ramus & Szenkovits, 2008 ; Ramus & Ahissar, 2012 ; Soroli, Szenkovits & Ramus, 2012).

Ces résultats laissent penser que les tentatives de remédiation devraient se centrer : 1) sur l’entraînement des capacités de récupération et de manipulation des représentations phonologiques et 2) sur le traitement graphophonologique. Dans cette perspective nous présenterons un ensemble de travaux ayant permis de mettre en évidence que la syllabe est une unité d’accès prélexicale et segmentale aussi bien chez les enfants normolecteurs que chez les dyslexiques francophones (Maïonchi-Pino, Magnan & Ecalle, 2010a ; 2010b ; Maïonchi-Pino, De Cara, Ecalle & Magnan, 2012a ; 2012b ; 2012c ; 2015). Sur la base d’un logiciel d’aide au traitement graphosyllabique, prétesté dans le cadre d’une démarche de prévention auprès d’enfants à risque de développer un trouble de la lecture (Ecalle, Kleinz & Magnan, 2013 ; Kleinz, Potocki, Ecalle & Magnan, 2017) nous présenterons ici un nouveau système informatisé en cours de validation dédié aux enfants dyslexiques. Celui-ci poursuit un double objectif, renforcer le syllabaire mental et les capacités de discrimination phonémique. La tâche consiste à présenter des syllabes orales et écrites et des mots à l’oral, puis à l’écrit. L’enfant doit discriminer des mots à l’oral sur la base de la syllabe présentée dans sa double modalité, orale et visuelle. La présentation écrite du mot énoncé contribue à renforcer l’appariement entre les lettres et leurs valeurs phonémiques, nécessaire à la procédure de décodage, ici basée sur le traitement graphosyllabique. L’intérêt des systèmes informatisés d’aide à la lecture et leurs conditions d’utilisation seront discutés.