Le changement, c'est comment ?

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Publié le 12 janvier 2016
Modifications de programmes, changements dans la formation des maîtres, promotions de normes pédagogiques, répartition différente des responsabilités de gouvernance, évolution des règles de recrutement des enseignants : les contenus des réformes éducatives suscitent toujours des débats passionnés. Ces sujets, aussi intéressants soient-ils, ne constituent pourtant pas le centre de ce dossier. Nous avons en effet plutôt choisi de centrer notre regard sur la façon dont ces réformes sont conçues et mises en œuvre. Quels dispositifs ? Quelles structures ? Quelles ressources ? Quels outils ? Quels acteurs ? Quels réseaux ? Qu’est-ce qui permet l’implantation d’une réforme sur le terrain ? Pourquoi les changements réussissent plus ou moins bien à se concrétiser dans le quotidien des classes ? Il s’agit ici de faire un pas de côté par rapport aux contenus conjoncturels des politiques pour identifier des caractères récurrents de ces politiques qui pourraient expliquer une part de leurs échecs ou de leurs réussites.



Les réformes éducatives sont de plus en plus fréquentes depuis les années 1980, en France comme dans les autres pays développés que nous connaissons les mieux. Pour autant, une insatisfaction latente quant à leurs résultats effectifs semble la caractéristique commune de nombre d’entre elles. Ses observations avaient ainsi amené le chercheur américain Larry Cuban à affirmer que les changements de politique éducative ont régulièrement échoué à pénétrer la boîte noire des pratiques pédagogiques.
C’est pourquoi nous nous sommes tournés dans ce dossier vers des approches qui se sont intéressées non pas seulement au contenu conjoncturel des réformes, mais à la façon dont elles ont été conçues et mises en place au regard des caractéristiques des systèmes et des organisations éducatives. Au croisement des sciences de l’éducation, des sciences politiques et de la sociologie, des travaux ont en effet mis en lumière les processus permettant de comprendre comment les changements éducatifs sont plus ou moins susceptibles de se concrétiser.
Dans un premier temps, nous évoquerons les limites des conceptions ou perceptions spontanées du changement éducatif, pour mieux comprendre l’intérêt d’analyses étayées par des recherches. Nous aborderons ensuite les approches les plus répandues, généralement d’inspiration fonctionnalistes, dominées par la recherche d’une certaine efficacité rationnelle. Nous verrons ensuite que la sociologie a permis de mieux saisir la diversité des logiques des organisations qui constituent le champ éducatif, ce qui éclaire certains problèmes rencontrés dès lors que l’on s’attache à modifier les pratiques. La prise en considération croissante des représentations et des croyances des acteurs nous amènera, enfin, à aborder la perspective néo-institutionnaliste qui accorde une place centrale à la question de la légitimation comme facteur de réussite ou d’échec des réforme.
Il s’agit finalement d’esquisser ici une théorie du changement en éducation qui résolve les contradictions entre réformes volontaristes imposées d’en haut à des acteurs de terrain en résistance, et reproduction stérile des pratiques par respect des habitudes professionnelles.
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