Modifier son propre enseignement : dans quelle mesure ? pdf

mercredi 29 juin 2016

Une façon différente de travailler plutôt qu’un travail supplémentaire.

On peut imaginer que introduire l’évaluation formative (EF) dans sa propre pratique d’enseignement implique un travail supplémentaire. Mais si on arrive au coeur de la définition d’EF et on considère ses principes fondamentaux - recueillir des données dans la classe, les interpréter et renvoyer l’information aux élèves - on s’apperçoit qu’un professeur fait toujours au moins une partie de ce processus dans sa classe. Forcement, il recueille des données chez les élèves pour savoir où ils en sont et il les analyses pour faire un bilan collectif ou individuel des compétences acquises par les élèves. La partie la plus difficile du processus est le renvoi d’information dans la classe : le feedback, qui est au coeur de l’EF, dépend de comment le recueil et les analyses ont été faits.

Donc, il est inévitable que quelque chose change dans l’enseignement du professeur. De plus, ce qui permet à un enseignant de dire qu’il est en train de faire de le l’EF dans sa classe est justement le fait qu’il modifie sa pratique, pour qu’elle soit plus adaptée aux besoins identifiés chez les élèves.
Cependant, rentrer dans une dynamique d’EF n’implique pas de changer ou de réinventer tout son cours à chaque fois. Il s’agit plutôt de petites modifications à la marge qui permettent au professeur d’adapter son cours, de prendre en compte les résultats et les productions des élèves pour adapter la suite (on reprend des choses, on se met à coté de tel élève, on ne proposera pas cet exercice mais plutôt celui-ci, etc.).

Localement, on peut faire de petits allers-retours à l’intérieur d’une même séquence qui impliquent des modifications à la marge pour l’enseignement. Globalement, il peut y avoir des régulations entre deux années où on peut choisir de présente les choses différemment car l’année précédente cela n’avait pas marché ou on rajoute une activité avec un objectif spécifique (voir l’activité d’interprétation d’un graphique dans l’étude de cas en mathématiques et physique vs la séquence Les grandeurs caractéristiques de l’eau mise en place l’année précédente). Le fond et le contour de la séance sont les mêmes mais les deux activités ne semblent pas du tout pareil d’un an à l’autre : le questionnement, la façon de présenter, le découpage des objectifs a changé à la vue des résultats de l’année précédente.

Si on veut utiliser l’EF dans son propre enseignement, l’enjeu n’est pas de travailler beaucoup, mais de travailler plus sur l’analyse de ce qu’on donne à faire dans la classe. L’EF ne vient pas de l’application d’une méthode ou d’une technique particulière ou de nouveaux outils, mais plutôt d’une introspection, d’une analyse, d’une réflexion de la part de l’enseignant.