Des origines aux années 1980, la sociologie s’intéresse peu au travail enseignant. Le sociologue use alors d’une posture de surplomb dans une perspective de dévoilement : l’enseignant est présenté comme un obstacle à la réforme (Durkheim) ou comme un agent inconscient du travail de reproduction sociale (Bourdieu). Les grandes lois de décentralisation (1980) et le débat sur la professionnalisation (1990) engagent la recherche à utiliser les apports de la sociologie du travail pour ouvrir progressivement la boite noire de l’établissement et de la classe. Après l’ère du soupçon ou de la commisération, l’émergence du contexte et de l’environnement de travail permet d’aller voir ce qui se passe dans l’activité, l’ensemble des travaux contribuant à une perception composite du travail enseignant. Aujourd’hui, les travaux récents nous apprennent que le mode de pilotage du système éducatif brouille l’image du mandat attribué par la société aux enseignants. L’absence de consensus ou d’arbitrage au plan politique sur les missions du système, comme la concurrence entre établissements scolaires, renvoie la définition des attentes à l’échelon local conduisant à la construction de compromis instables ; une inflation des prescriptions, un empilement jamais clos de taches non hiérarchisées ; l’injonction de travailler collectivement sans dégager ni temps ni lieux pour le faire ; une autonomie à la fois prescrite et souvent empêchée ; une survalorisation de la logique de l’efficacité selon des prescriptions internationales/nationales/locales entravent le travail et plongent les enseignants dans un sentiment d’impuissance ou de sidération engendrant de la souffrance. Les enjeux sociaux et professionnels pour les enseignants, c’est de contribuer à la redéfinition d’un métier unique, quels que soient ses lieux d’exercice.
Caractéristiques : 60 min
Editeur : INRP
Couverture : Pays francophones
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