Bien que puni par la loi, le harcèlement scolaire passe souvent inaperçu car il se compose de « petits faits » qui, pris isolément les uns des autres semblent souvent anodins : bousculades, moqueries, insultes, mises à l’écart, rumeurs, photos, menaces. Ce sont en fait des « petites violences », mais, qu'elles se passent en direct ou sur les réseaux sociaux, lorsqu’elles sont cumulées et répétées, parfois tous les jours, elles peuvent avoir des conséquences graves pour les élèves qui en sont victimes.

Le harcèlement peut entraîner un décrochage scolaire, des dépressions, et peut avoir des conséquences tragiques. Il est présent dans tous les établissements scolaires puisque nous savons depuis l’enquête de 2023, réalisée auprès de près de 18 000 élèves, que plus de 15 % des élèves subissent des actes de harcèlement.

Dans les médias, la lutte contre le harcèlement scolaire fait généralement les gros titres au mois de novembre ou suit à un drame concernant un élève victime. Mais dans les écoles, les collèges ou les lycées, la lutte contre ce fléau ne se limite pas à cette seule journée de sensibilisation. Il s’agit d’un travail sur la durée, avec notamment, la mise en place du programme pHARe.

Ce plan de prévention et de traitement des situations de harcèlement est en place depuis 2021, et aujourd’hui 100 % des établissements scolaires le mettent en oeuvre à plus ou moins grande échelle.

Ce mois-ci, « le micro est dans la classe » vous emmène dans un collège où plus d’un tiers des élèves sont ambassadeurs dans la lutte contre le harcèlement scolaire. Pour Mme Emram, principale adjointe du collège Debussy à Paris, limiter les cas de harcèlement et plus largement développer un climat de bien-être pour les élèves et le personnel au collège, c’est une priorité. Au collège claude Debussy comme dans d’autre établissements scolaires, le programme pHARe qui met en place la méthode de préoccupation partagée a de bons résultats et permet de prendre en charge efficacement les cas de harcèlement scolaire.

Pour cela, il faut d’abord que l’équipe éducative soit spécifiquement formées au traitement des situations d’intimidation. Ces adultes pourront ainsi soutenir l’élève cible, lui offrir une écoute bienveillante et attentive. Ils pourront le rencontrer autant de fois que nécessaire pour l’aider à reprendre confiance en lui et à mobiliser ses ressources.
Alors que cela peut sembler surprenant, du côté des élèves harceleurs, les adultes vont volontairement adopter une attitude empathique. C’est-à-dire qu’ils ne blâment pas les intimidateurs : dans un premier temps, pas, ni de punition. Ils montrent simplement qu’il est préoccupé par la situation de l’élève victime. Le harcèlement étant par nature un phénomène de groupe, l’objectif de la méthode est de défaire l’effet de groupe en recevant individuellement chacun des harceleurs. Lors de ces entretiens, ceux qui ont participé à l’intimidation sont incités à devenir les acteurs de la résolution du problème qu’ils ont créé. L’intervenant les place en position de réparer ce qu’ils ont fait subir à l’élève cible. Enfin ce qui n'est pas forcément évident mais qui est une des clefs de la résolution des situations de harcèlement, c’est que les adultes de la communauté éducatives doivent être aussi obstinés que bienveillants. Ils doivent poursuivre les entretiens jusqu’à ce que les intimidateurs aient trouvé une solution et que la cible se sente mieux.