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EN QUÊTE D'ÉCOLE : épisode 4 (10/06/2020)

école , famille, co-éducation, communauté éducative

École- Familles, quelle place pour la co-éducation ?

Il y a ceux qui ont suivi les devoirs de maths, échangé par mail avec les enseignants, ceux qui ont corrigé les dissertations de français, ou tenté de reproduire les TP de physique à la maison, Vous-mêmes, vous faites peut-être partie des millions de parents qui ont ressorti les calculatrices et les dictionnaires, pendant les huit semaines de confinement. Et pourtant cette collaboration entre les familles et l’école n’était pas gagnée d’avance, car il faut dire qu’en France le système scolaire s’est plutôt construit sans les familles, voire contre elles.

école et familles: deux communautés éducatives historiquement séparées

Alors vous le savez, j’aime bien remonter dans le passé, pour comprendre l’école d’aujourd'hui, et pour trouver le moment de la rupture entre l’école et les familles, il faut remonter assez loin. Nous sommes en 1600, et les Jésuites construisent les premières écoles en France. Dans ces écoles, l’enfant a le moins de contacts possibles avec sa famille. Pourquoi ? C’est d’abord pour des raisons pédagogiques, l’idée des Jésuites, c’est que le milieu scolaire doit être détaché du monde réel, tout leur travail consiste à détourner l’enfant du temps présent, à le guider vers la littérature et les civilisations anciennes. L’école est un lieu hors du temps, hors des besoins réels et des rapports sociaux, et affectifs. Entrer à l’école c’est presque entrer au couvent.

À la Révolution, cette idée est renforcée par des arguments démocratiques. Pour que les enfants soient éduqués dans un esprit d’égalité, pour gommer les inégalités d’origine il est nécessaire de les sortir complètement de leur milieu. Je vous en parlais déjà dans l’épisode 1, certains députés, proposent même d’extraire totalement les enfants de leurs familles pendant les sept années scolaires, pour les éduquer dans des pensionnats à l’abri des influences extérieures : c’est l’idée du député Lepeletier de St Fargeau.

« À cinq ans, la patrie recevra donc l'enfant des mains de la nature; à douze ans elle le rendra à la société. »
Député Lepeletier de Saint Fargeau, Plan d' Éducation Nationale, 1793.

Historiquement, il y a une vraie rupture, entre deux communautés éducatives : d’un côté la famille qui est chargée de la filiation et du domaine affectif, et de l’autre côté l’école qui incarne la transmission de connaissances, la réflexion, et l’intégration dans la société. Il faudra près d’un siècle et demi, pour que parents et enseignants se rapprochent.

 Une collaboration qui s'amorce, mais des tensions qui persistent

Nous sommes en 1950 et les parents d’élèves commencent à demander un droit de regard sur l’éducation scolaire de leurs enfants, ils se regroupent en associations, c’est la naissance des fédérations de parents d’élèves, leur rôle est même reconnu légalement dans les années 1970 comme membres de la communauté éducative, au même titre que les enseignants, les psychologues scolaires, ou les CPE.

« Pour changer l'école, pour permettre à tous les enfants de réussir, avec un vrai projet, un projet global, qui débouche sur un projet de société, et donc les parents ont la possibilité d'adhérer et de dire "Oui, c'est bien ça qu'on veut". »
Paul Raoult, membre FCPE.

Alors on l’entend bien, les parents sont de plus en plus impliqués dans les écoles, Le principe de co-éducation, c'est-à-dire le fait que tous ceux qui participent à l’éducation de l’enfant doivent être reconnus et travailler ensemble, est d’ailleurs mis en avant dans les textes, et est mis en œuvre dans les écoles, surtout en maternelle et primaire. Mais pourtant selon les derniers rapports de l’Inspection Générale au ministre de l’Éducation le partenariat familles-écoles n’est toujours pas satisfaisant. Les relations se dégradent et d’ailleurs quand on en entend parler dans les médias c’est souvent pour mettre en avant les tensions.

Ces tensions ne sont pourtant pas une fatalité, il suffit d’aller voir chez nos voisins européens, pour trouver des exemples de coopération et de coéducation qui marchent entre parents et école.

 Danemark et Italie, des exemples de co-éducation 

Le système scolaire danois est souvent présenté en exemple, des élèves responsables très tôt, pas de notes avant quatorze ans, et des profs qu’on appelle par leur prénom. Ce que l’on sait moins c’est combien le rôle des parents est essentiel dans ce système. Si vous êtes parent d’élève au Danemark, dès la petite enfance, vous avez la possibilité, voire l’obligation de participer aux conseils d’écoles, des réunions périodiques pendant lesquelles les parents et les équipes construisent ensemble les projets pédagogiques. Quelles valeurs transmettre aux enfants ? Quelle pédagogie utiliser ? Mais aussi comment dépenser l’argent de l’école ? Quels repas proposer à la cantine ? Toutes ces questions sont discutées et débattues collectivement entre enseignants et parents.

Vous me direz que le Danemark est peu comparable à la France, douze fois moins d’habitants, une histoire et une société différentes, et bien direction la Méditerranée, vers un pays qui nous ressemble davantage. 

Nous sommes en Italie, plus exactement à Turin, en 1990 deux enseignants constatent que les familles abandonnent de plus en plus l’éducation de leurs enfants aux enseignants. Pour impliquer les parents ils décident de lancer un projet appelé « Méthode de pédagogie parentale ». Le but de cette méthode ce n’est pas de faire la morale aux parents ou de leur apprendre à élever leurs enfants, c’est plutôt de créer des lieux et des moments où enseignants et parents sont à égalité, cela passe par des formations pour les enseignants et les parents sur la psychologie des adolescents, ou sur la résolution de conflit. Les parents sont invités à parler de leurs enfants, à les présenter, à présenter leur famille, et à présenter leur vision de l’éducation, les enseignants expliquent leurs méthodes de travail, leurs objectifs, et partagent leur expériences.

Avec ce projet, on touche à un critère essentiel de la co-éducation, c’est l’articulation des compétences de chacun pour l’éducation globale de l’enfant. C’est ce que pense Philippe Meirieu :

« Je crois que l'un des grands enjeux de l'école pour l'avenir, c'est la communication et au-delà de la communication, le travail en co les parents et les enseignants. C'est la raison pour laquelle j'aimerais bien que les parents soient invités régulièrement, à l'école primaire, même au-delà,  pour voir comment ça se passe dans une classe et comprennent les enjeux du travail scolaire. Cette séparation entre les parents et l'école, elle est légitime, l'école ce n'est pas la famille, mais aujourd'hui c'est plus qu'une séparation, c'est une forme d'ignorance, et parfois même de suspicion. »
Philippe Meirieu, La coopération parents-profs, France TV Éduc.

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Émission préparée par ...

  • Production - Rédaction : Diane Béduchaud
  • Réalisation technique : Sébastien Boudin
  • Habillage sonore : Diane Béduchaud, Sébastien Boudin
  • Musique : Joakim Karuk, Love mode

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