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EN QUÊTE D'ÉCOLE : épisode 12 (10/06/2021)

baccalauréat, lycée, réforme, démocratisation

Le bac, un diplôme démocratique ?

Ah le bac,...Ce fameux diplôme dont on entend parler pendant toute notre scolarité et qui fait le marronnier des journaux TV au mois de juin. Longtemps le bac est resté un précieux sésame obtenu par une petite minorité d’élèves, mais depuis une dizaine d’années plus de 75% d’une classe d'âge obtient un baccalauréat qu’il soit général, technologique ou professionnel. On se rapproche de l’objectif des 80% d’une classe d’âge au bac souhaité par Jean-Pierre Chevènement dans les années 1990. Dans ces conditions peut-on dire que le bac est devenu un diplôme démocratique ? Pour le savoir, nous avons mené l'enquête. 

un taux d'accès au bac qui augmente AVEC LES ANNées

Créé en 1808 par Napoléon, le diplôme d’Etat du baccalauréat a dès son origine une double fonction : il permet d’abord de marquer la fin des études secondaires, il permet aussi pour les élèves qui l’obtiennent de passer dans l’enseignement supérieur. C’est d’ailleurs pour cela qu’à l’origine le jury est composé de professeurs d’université, qui sont rejoints, au fur et à mesure que le nombre de candidats augmente, par des professeurs du secondaire. Pendant longtemps le baccalauréat reste le privilège d’une toute petite minorité d’élèves, mais le nombre de bacheliers et de bachelières augmente dans les années 1960.

Nous sommes en mai 1968, les lycées sont bloqués, les élèves, et les enseignants sont dans la rue aux côtés des étudiants et des ouvriers en grève, la session du bac s’annonce compliquée. Certains demandent le report des épreuves, d’autres l’annulation pure et simple. Finalement, le 1er juin le ministère décide de faire passer uniquement des épreuves orales. Fin juin les candidats passent toutes les matières en une journée et ont les résultats le soir même. Le taux d’admis au bac explose cette année-là.

La session du bac 68 a fait couler beaucoup d’encre et les critiques ont été nombreuses contre ce bac en version allégée. Mais selon une étude menée par l’EHESS et la London School of Economics cette large admission a eu des conséquences positives sur la carrière scolaire et professionnelle de cette génération. La simplification des examens a permis à un nombre important de jeunes d'intégrer l'Université, alors qu'ils n'y seraient jamais parvenus dans des conditions normales. Ces élèves ont obtenu des diplômes, et ont eu une carrière professionnelle et des revenus bien supérieurs à leurs camarades ayant passé le bac un an auparavant ou un an plus tard.

Mais l’heure n’est pas encore à la démocratisation. Dans les années 1980 seul un jeune sur trois décroche le bac en France, alors que beaucoup de pays développés, comme les Etats-Unis ou la Suède, affichent des taux d’accès au bac autour des 80 %. Pour JP Chevènement, alors ministre de l’éducation, 80% d’une génération au bac cela doit être le nouvel objectif du pays. La création du bac professionnel en 1985 fait alors bondir le taux de bacheliers par génération.

Démocratie quantitative ou qualitative ?

Dans les trente dernières années, la proportion de bacheliers d’une classe d’âge est passée de 26% à 79%. Dans ces conditions peut-on parler d’une démocratisation du baccalauréat ? Et bien oui et non.

Oui car le taux d’accès au bac, c’est à dire le nombre de bacheliers et de bachelières au sein d’une classe d’âge, est de plus en plus élevé et cela dans toutes les classes sociales, et en conséquence, de plus en plus d’élèves poursuivent les études supérieures, avec les bénéfices que cela apporte en termes de sécurité professionnelle et économique. C’est ce que l’historien Antoine Prost appelle « la démocratisation quantitative ».

En revanche, cette progression quantitative ne s’accompagne pas d’une démocratisation qualitative. Cela veut dire que la trajectoire scolaire des élèves est toujours très dépendante de leur origine sociale et du diplôme de leurs parents. En moyenne, plus le diplôme des parents est élevé, plus les enfants ont de chance d’obtenir le bac. Et puis il n'y a pas un bac mais des bacs. Et si l’on regarde le profil des bacheliers, les enfants de cadre obtiennent en majorité un bac général, et les enfants d’ouvriers obtiennent en majorité un bac professionnel ou technique. C’est ce que Pierre Merle, sociologue, appelle la « démocratisation ségrégative ».

Finalement, c’est de moins en moins le fait d’être bachelier qui fait la différence, mais bien la nature du baccalauréat obtenu. Et qu’en est-il avec la nouvelle réforme du bac ? La réforme permet une plus grande variété de parcours, et l’introduction du contrôle continu pour valider le baccalauréat permet de valoriser le travail réalisé dans l’année par les élèves. Ceci dit, on remarque déjà que les choix de spécialité des élèves dépendent beaucoup de leur milieu et de leur genre, et que tous les élèves et leurs familles ne sont pas également informés sur ces choix. Et puis, l’épreuve du Grand Oral, dans les conditions actuelles risque fort d’être très discriminante socialement en raison de l’inégale préparation des élèves, mais aussi d’une évaluation qui prend en compte des comportements et des aptitudes socialement différenciés.

Alors le bac est il un diplôme démocratique ? Je vous laisse y réfléchir. En tout cas une chose est certaine l'obtention du bac, et des diplômes en général reste la meilleure protection contre le chômage et la précarité, alors courage aux élèves de Terminale et à leurs profs pour la dernière ligne droite !

Et pour aller plus loin ...

Des ressources produites par l'IFÉ-ENS Lyon

 

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Des sites utiles

 

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Émission préparée par ...

  • Production - Rédaction : Diane Béduchaud
  • Réalisation technique : Sébastien Boudin
  • Habillage sonore : Diane Béduchaud, Sébastien Boudin
  • Musique : Joakim Karuk, Love mode
  • RemerciementsClaire Ravez, Régis Guyon, Marie Gaussel

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