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Vous êtes ici : Accueil / EN QUÊTE D'ÉCOLE / #37 Les réseaux sociaux: un lieu de désinformation ?

EN QUÊTE D'ÉCOLE : épisode 37 (13/12/2024)

réseaux sociaux actualités désinformation fake news EMI

Les réseaux sociaux: un lieu de désinformation ?

Introduction 

 

En octobre 2023, le site de facto, espace indépendant de vérification des informations, dément une idée  largement relayée par les médias suite à un sondage : non les jeunes ne sont pas plus perméables aux fake news, non ils ne sont pas majoritairement plus complotistes que leurs ainés. Ironie du sort :  dire que la jeunesse est désinformée est une désinformation. 

En revanche, les jeunes générations s’informent différemment et beaucoup sur les réseaux sociaux. Il est alors facile, mais erroné, de voir un lien de causalité entre information sur les réseaux et désinformation. Mais comment s’informent alors les enfants et les jeunes et quelle y est la place et le rôle des réseaux sociaux ? 

Pour le savoir nous avons mené l’enquête. 

Comment s'informent les enfants et les adolescent·es ? 

 

En réalité, dire que les jeunes s’informent uniquement sur les réseaux sociaux est déjà une erreur, rappelle Julien Boyadjian, maître de conférence en Sciences politiques. D’abord la jeunesse n’est pas une catégorie homogène : les jeunes qui travaillent écoutent la radio sur leurs trajets, les jeunes qui vivent avec leurs parents continuent de regarder la télévision et  les plus diplômés lisent les grands journaux nationaux sur leurs téléphones. 

Un sondage Ipsos de 2022 révèle que les jeunes ont avant tout confiance dans les informations d’actualités fournies par les médias traditionnels et spécialisés, mais que les chaînes d’information en continu sont, en revanche, les médias qui leur inspirent le moins confiance.

Les jeunes entre 16 et 30 ans ne sont que 20% à utiliser majoritairement les médias comme Brut ou Konbini qui diffusent exclusivement en ligne, en revanche ils sont davantage à utiliser les chaînes d’experts de l’actualité comme Hugo Décrypte. 

Alors que les adultes s’informent aussi beaucoup sur les réseaux sociaux, ce sont  les jeunes que la société perçoit comme désinformés et désengagés de l’actualité. 

Deux préjugés erronés selon Anne Cordier, enseignante-chercheuse en sciences de l’information et de la communication. Elle souligne cependant une différence : ce que les plus de 30 ans appellent information, c'est souvent la politique nationale et internationale. Or ce sont les sujets qui intéressent  le moins les jeunes. 

Extrait d'interview d'Anne Cordier pour Sqool TV : https://youtu.be/ix9tSX7Ar5w?si=ZIbhY-Qpq6Ys3Fwa  

Dominique Cardon, professeur de sociologie et directeur scientifique du MédiaLab de Sciences-Po ajoute, je cite,  “les jeunes ont une sensibilité particulièrement forte pour les questions de société” “ ce qui a trait “ au racisme, à la religion, aux identités de genre, à l’écologie.. autant de sujets considérés comme secondaires dans les choix éditoriaux des médias traditionnels” 

Les jeunes cherchent alors des médias qui leur ressemblent, qui abordent des contenus qui les touchent mais aussi une forme qui leur parle. Ce sont les vidéos au format court qui sont les plus privilégiées mais surtout des informations divertissantes ou qu’ils vont pouvoir partager avec leurs groupes de pairs.

Le bulles de filtres et la désinformation. 

 

Mais est-ce que les algorithmes des plateformes ne les exposent pas, malgré tout, à n’être confrontés qu’à un seul type de contenu ? Les modèles économiques des plateformes peuvent différer mais ils reposent tous sur le temps passé sur l’application :

Extrait d'une vidéo du créateur de contenu Léo Duff : https://youtu.be/FALDuZ5pPxc?si=4o6r2C1ayCXKvM2F

Ainsi on peut légitimement se demander si les algorithmes ne nous proposent pas toujours le même type de contenu qui nous plaît, et qui vient conforter nos croyances, pour qu’on reste connectés.  Comment s’informer si est exposés qu’à une seule vision du monde ? 

À force de voir une information, on peut finir par croire qu’elle est correcte, et si tout le monde semble d’accord avec nous, on peut croire qu’on a raison. Ce sont les bulles de filtre. 

Extrait d'une émission de France Culture " Eh bien oui, nous sommes responsables de nos aveuglements" https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-vie-numerique/eh-bien-oui-nous-sommes-responsables-de-nos-aveuglements-8127510

Il est donc essentiel d’enseigner comment fonctionnent les algorithmes pour pousser tout utilisateur à varier les contenus et les opinions auxquels ils sont exposés, car nous ne sommes pas condamnés à la passivité. On peut par exemple inviter les élèves à suivre différents comptes dédiés à l’actualité, un média traditionnel, un expert de l’information sur les réseaux et un média vidéo. 

D’ailleurs Dominique Cardon nuance  : ce ne sont pas seulement les réseaux sociaux et les algorithmes qui sont responsables de cet entre-soi des opinions : 

Extrait d'une interview de Dominique Cardon pour Brut: https://youtu.be/W8gB4AunPBI?si=TgDm30mAjORfr07u 

Les enquêtes montrent d’ailleurs  que les contenus de désinformation ne ciblent pas les jeunes et que ce ne sont pas eux qui les relaient non plus. . Manon Berriche, doctorante en sociologie et  membre du médiaLab de Sciences Po synthétise ainsi les résultats de ces enquêtes : 

Extrait d'une conférence "Lutter contre la désinformation : ça s’apprend ?" sur la chaîne du CLEMI. https://www.youtube.com/live/idZjosFpFYo?si=I04osSQ3bchwUX4V

l'éducation aux médias et à l'information et enseignement de l'ESPRIT CRITIQUE. 

 

En outre, ce n’est pas parce qu’on est exposé à une fausse information qu’on y croit. Cependant les enfants et adolescents doivent être accompagnés dans l'appréhension de l'information en général, pour au moins 3 raisons. Premièrement en tant qu’enfants ils ont une aptitude moindre à discerner le vrai du faux  

Deuxièmement, l’apprentissage de la  régulation de leurs émotions n’est pas encore achevée, les images et vidéos vues et partagées peuvent profondément les affecter, les faire réagir avec excès.

Et troisièmement, les plus jeunes sont les plus nombreux sur TikTok qui, étant, la plus récente des plateformes, est celle où les contenus sont les plus difficiles à modérer et réguler car ils sont très nombreux et uniquement sous le format vidéo.

L’école accompagne alors les élèves dans l’acquisition de la littératie médiatique multimodale : autrement dit un ensemble de compétences de l’individu pour “évoluer de façon critique et créative, autonome et socialisée dans l’environnement médiatique qui est le sien” dit Pierre Fastrez, nous l’écoutons : 

Extrait d'une conférence " Les rencontres de l'éducation aux médias et à l'information 2023 (REMI)" sur la chaine de l'ESJ de Lille : https://youtu.be/6TPGVm4ufv0?si=9VaO83HOvXHU2vXl

C’est notamment lors de l’EMI, l’éducation aux médias et à l’information, portée par les professeurs et les professeurs documentalistes que les élèves apprennent à lire et comprendre des contenus d’actualité mais aussi à les analyser et à leur faire confiance surtout. 

En effet, Elena Pasquinelli philosophe et membre du Conseil scientifique de l’éducation nationale, insiste sur le fait qu’apprendre l’esprit critique c’est n’est pas apprendre à se méfier, mais au contraire apprendre à faire confiance, elle définit ainsi l’esprit critique : 

Extrait d'une vidéo de la chaine SVT Andour :  https://youtu.be/LtAyYEQ6J3M?si=gna3GNPnsWbG55iA

Il peut alors  être contre-productif, voire risqué de considérer que l’éducation aux médias se limite à des exercices sur les complots, les “fake news”, la mésinformation. C’est d’abord apprendre davantage la méfiance que la confiance et c’est aussi  populariser des thèses auxquels les élèves n’auraient pas été exposés sans cela. 

Il est tout de même paradoxal de  leur reprocher leur méfiance tout en insistant sur leur prétendue désinformation et sur la manipulation des images et des actualités par quelques médias isolés. 

L’enjeu est alors plutôt d’insister sur les bonnes pratiques, sans vouloir non plus  faire de chaque jeune un journaliste en herbe :  la vérification scrupuleuse des sources relève du travail des journalistes, pas de celui de chaque personne qui les lit. 

Cela permet aussi de laisser les réseaux sociaux et même l'information à la curiosité des jeunes et leur recherche de l’amusement qui sont leurs principales motivations pour s’y inscrire. Une partie des contenus “faux” sont produits pour faire rire et pour divertir . Que l’information soit teintée d’humour et de divertissement n’est pas une pratique née avec les mêmes et les vidéos courtes. 

Extrait du générique des Guignols de l'info. 

Conclusion 

 

Pour conclure, la désinformation des jeunes, et notamment sur les réseaux sociaux, est une inquiétude qui peut verser dans la panique morale. De fait, les jeunes en classe avouent  ne plus savoir quelle information croire, ce qui témoigne qu’ils ne sont pas crédules mais aussi qu’ils ont besoin d’être accompagnés dans l’acquisition de véritables outils pour appréhender l’actualité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et pour aller plus loin ...

Émission préparée par ...

  • Production : Adeline Houncheringer
  • Réalisation technique : Sébastien Boudin
  • Habillage sonore : Adeline Houncheringer, Sébastien Boudin
  • Musique et extraits sonores : 
    • Metro Boomin & Future, Prince 85. (2024, mars 24). We don’t trust you: Vol. We don’t trust you. Wilburn Holding Co, Boominati Worldwide, Epic records, Republic records.
    • The Rembrandts, Skloff, M., & Willis, A. ( 1995, mai 6). I’ll be there for you: Vol. LP. Atlantic, WEA.
    • Orelsan,Skread. (2017, septembre 20). Basique: Vol. La fête est finie. 7th Magnitude.
  • Remerciements : Merci à  Florence Sauvebois et Sébastien Boudin pour leur relectures

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