Rapprocher la formation de l’ordinaire de la classe est une orientation forte qui a fait l’objet de nombreux travaux et rapports. L’une de ces orientions préconise de former à partir des besoins et attentes des enseignants dans leur contexte professionnel. Cela suppose un renforcement de l’expertise des métiers de la formation et de l’accompagnement, qui s’appuie sur les pratiques du quotidien de la classe. Le référentiel de compétences du formateur, précise que celui-ci est amené à analyser la commande institutionnelle ainsi que les besoins et les attentes des apprenants. Il doit les articuler tout en tenant compte de la diversité des besoins dans la construction de l’offre de formation.

Si l’enjeu d’une formation est bien de répondre à des attentes, des besoins, cette notion de besoin est cependant « ambiguë » (Meignant,1991, p.111) : l’expression des besoins peut-elle être un déjà-là identifiable ? On connait ses « problèmes », mais connait-on tous ses « besoins » ?

Par ailleurs l’expression « besoins » est parfois synonyme de « manques » que la formation s’emploierait à combler, débouchant parfois sur des prescriptions normatives. D’autres voies envisagent l’émergence de besoins en formation comme relevant d’une démarche collective pour aider les professionnels à identifier ce qui est difficile à faire dans le travail ordinaire, comprendre la nature des difficultés des élèves et des enseignants afin de définir des pistes d’enquête et d’action.

Cette approche de la formation, à partir du travail ordinaire soulève des questions de conception et de mise en œuvre concrètes pour les formateurs du 1er et du second degré : comment accéder et comprendre l’ordinaire du travail ? Comment s’en saisir et en faire des objets de travail collectif ? Comment articuler expérience vécue et savoirs de la recherche ? Autant de questions qui renvoient aux connaissances, savoirs et outils utiles au formateur pour concevoir et animer des formations qui répondent à ces ambitions.

La formation de formateurs s’appuiera sur l’analyse de situations de classe et l’analyse de situations de formation. Elle mobilisera différents courants dans le champ de l’analyse du travail, de la psychologie et des didactiques, et permettra de croiser les regards entre chercheurs et formateurs, notamment à partir d’études de cas.