Pour mieux appréhender le rôle de l’évaluation formative, rappelons quelques définitions.
« L’évaluation formative suit une logique de régulation, elle vise à soutenir le processus d’apprentissage, à aider l’apprenant à se rapprocher des objectifs de formation ; elle s’inscrit donc dans une relation d’aide, un contrat de confiance, un travail coopératif. » ( Perrenoud, 2001)
« L’évaluation formative est ainsi vue comme une part du processus d’enseignement et
d’apprentissage, plutôt que comme une activité séparée, intervenant après une phase d’enseignement (Looney, 2011, cité par Rey et Feyfant, 2014 p.19). Elle cherche avant tout à favoriser l’appétence et la motivation des élèves, en leur apportant un retour d’informations constant sur leur apprentissage mais dans un contexte favorisant leur sentiment d’efficacité personnelle, pour reprendre la théorie de Bandura ».( Rey et Feyfant, 2014p. 19)
« Une évaluation serait dite formative lorsqu’elle est constituée d’une collection de données sur les apprentissages de l’élève, recueillies au cours même des activités d’enseignement/apprentissage, et qu’elle vise :
- à identifier les forces et les faiblesses de l’élève,
- à aider l’élève à réfléchir à ses propres processus d’apprentissage et à guider ses démarches en vue de progresser, la recherche sur l’évaluation formative des apprentissages
- à accroître son autonomie et sa prise de responsabilité face à ses apprentissages,
- et, enfin, à orienter la planification de l’enseignement. »
( Andrade et Cizek, 2009 cité par Morissette, 2010).
« Une pratique, dans la classe, est formative dans la mesure où des preuves des apprentissages des élèves sont perçues, interprétées et utilisées par le professeur, l’élève ou ses pairs, afin de prendre des décisions concernant les prochaines étapes de l’enseignement qui seraient meilleures ou mieux fondées que les décisions qui auraient été prises en l’absence de ces preuves. » Traduit de Black & William, 1998)
La place de l’élève dans ses apprentissages apparaît ainsi très clairement. L’évaluation formative, en rendant l’élève acteur, développe les compétences du « savoir apprendre ». (Centre for Educational Research and Innovation/ Organisation for Economic Co-operation and Development , [CERI/OCDE], 2009)
Six principes permettent de structurer l’apprentissage et l’évaluation. Dans le tableau ci-dessous ils sont mis en parallèles avec les principes de l’évaluation pour les apprentissages de Black et William (1998).(cité par Rey et Feyfant, 2014)
Les recherches mettent en avant la notion de régulation pour décrire le processus d’enseignement et d’apprentissage. Le modèle d’Allal (1979) distingue trois types de régulations pouvant être mises en œuvre à tout moment au cours d’une séquence d’enseignement : interactive-rétroactive-proactive. Les régulations proactives consistent en des activités ou questions préparatoires destinées aux élèves dont l’objectif est de permettre à l’enseignant d’ajuster et de planifier les activités d’apprentissages adéquates.Les régulations interactives consistent en des mises aux points continues qui s’effectuent par le biais d’échanges informels, entremêlés d’observations et de discussions, et interviennent durant le déroulement des activités d’apprentissage ; les régulations rétroactives consistent à effectuer un retour sur les tâches non réussies d’une séquence d’apprentissage, souvent à l’aide d’une évaluation formelle, afin que l’enseignant modifie ses interventions selon les difficultés observées.(Morissette, 2010)
En conclusion, relevons quatre dimensions essentielles d’une telle évaluation mises en place et régulées par l’enseignant un rôle de cherf d’orchestre :
Une dimension de continuité : Elle fait partie intégrante de l’enseignement, du processus continu d’apprentissage et par ce fait ne se situe pas à un moment ponctuel à la suite d’un apprentissage mais à tout moment.
Une dimension de régulation : Il s’agit d’un processus d’ajustement, des rétroactions entre élèves, avec l’enseignant guident celui-ci dans ces choix pédagogiques, ses remédiations différenciées ou non. Le rôle de l’enseignant est alors celui de chef d’orchestre ; il met en place des stratégies et les réajuste dans le flux des interactions en classe afin de soutenir les apprentissages des élèves.
Une dimension collaborative qui se décline sous deux aspects complémentaires. Un aspect coopératif entre élève exploité avec une évaluation par les pairs : une telle activité est riche en interactions verbales entre élèves pour des critiques mais aussi pour identifier les obstacles et les raisonnements de leurs semblables.
Une dimension participative de l’élève : en incitant l’élève à se positionner face à ses démarches et ses décisions, celui-ci devient responsable de son apprentissage ; Ainsi une auto-évaluation rendra l’élève acteur de son évaluation dans une perspective d’engagement.
Références
Black, P. & Wiliam, D. (2009). Developing the theory of formative assessment. Educational and Accountability, 21(1), 5-31. [n/a]. 10.1007/s11092-008-9068-5
CERI/OCDE (2009) Conférence internationale « Apprendre au XXIe siècle : recherche, innovation et politiques ». Évaluer l’apprentissage-L’évaluation formative
Morrissette J. (2010). Un panorama de la recherche sur l’évaluation formative des apprentissages, Mesure et évaluation en éducation, vol. 33, no 3, 1-27 1
Perrenoud P. (2001). Évaluation formative et évaluation certificative : postures contradictoires ou complémentaires ? Formation professionnelle suisse, n°4, pp.25-28
Rey O. & Feyfant A. (2014). Evaluer pour (mieux) former. Dossier de veille de l’IFE n°94 septembre. Lyon : ENS de Lyon