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EN QUÊTE D'ÉCOLE : épisode 9 (10/02/2021)

architecture scolaire, aménagement des espaces scolaires, bien-être, qualité de vie

Construire l'école de demain

En 2017 au Québec, l’équipe de Lab'école se lance dans un projet un peu fou : construire des écoles primaires où il fait bon vivre et apprendre. Leur idée est simple : quand on est bien, on est disposé à apprendre. Cet objectif de bien-être à l’école n’est pas toujours atteint dans les écoles françaises. D’après le rapport publié par le CNESCO en 2017, 27 % des établissements publics n’offrent pas un environnement propice au travail. Locaux vétustes, peu lumineux ou mal isolés, mobilier inadapté, sont autant d’obstacles au bien-être et aux apprentissages des élèves. Et au delà des besoins de rénovation, c’est aussi l’aménagement de la classe traditionnelle qui est de plus en plus remis en question et détourné par les enseignants. Alors comment construire et rénover les établissements scolaires pour qu’ils répondent aux défis de demain ? Pour le savoir nous avons mené l’enquête.

une architecture héritée du XIXème siècle

Les établissements scolaires d’aujourd’hui sont l’héritage d’une longue histoire. Le premier grand mouvement de construction scolaire sur le territoire est contemporain des lois sur l’école dans les années 1880. Vous savez les fameuses lois « Ferry » qui déclarent que l’instruction doit être publique, gratuite, et obligatoire en primaire. Pour être en mesure d’appliquer ces lois, l’État français fait construire un grand nombre d’écoles, et de vastes salles de classe pour accueillir tous ces élèves.

A l’époque le mobilier est choisi pour un enseignement mutuel, dans lequel la classe est divisée en plusieurs groupes élèves, certains ayant le rôle de tuteurs et répétant le cours du maître. C’est pour cela que le choix du mobilier se porte sur des bancs collectifs sur lesquels peuvent s’asseoir 9 à 10 élèves et leur tuteur. Mais la pédagogie qui va s’installer durablement c’est la méthode simultanée, dans laquelle le maître enseigne seul à tous les élèves de la classe. Le mobilier change, les bancs individuels remplacent les bancs collectifs pour faire face au maître et au tableau. Cette organisation frontale de la classe dans laquelle les élèves sont rangés en ligne les uns derrière les autres est celle qui va perdurer, et qui est encore la norme aujourd’hui.

une architecture hygiéniste

Les choix d’aménagement se fondent aussi sur des normes d’hygiène, en particulier pour prévenir l’apparition de maladies chez les élèves, c’est ce qu’explique Anne Marie Châtelet, professeur d'histoire et de culture architecturale à l'Ecole d'architecture de Versailles.

« Les expériences sur le mobilier scolaire se multiplient avec deux hantises : la myopie et la scoliose. Ce qui est préconisé c'est en général les tables bancs  qui permettent à l'enfant de travailler sans être trop loin de son pupitre. »
Anne Marie Châtelet, Professeure d'Histoire et de culture architecturale à l'Ecole d'architecture de Versailles, 2019.

Ces réflexions sur le bien-être et la santé des élèves, se développent encore davantage dans les années 1920, pour lutter contre la tuberculose. Si le sujet vous intéresse, allez écouter l’épisode 6 qui parle d’éducation en plein air. 

un modèle standard qui évolue peu

De manière générale, l’architecture des bâtiments scolaires évolue très lentement, et lorsqu’il faut reconstruire des nouveaux bâtiments après les destructions de la Deuxième guerre mondiale, le ministère fait le choix d’un modèle standard dans toute la France. Ces bâtiments, ce sont ceux que vous et moi nous avons connus, des barres en béton, de longs couloirs peu lumineux qui donnent sur des salles de classes identiques. C’est aussi pour répondre à l’arrivée massive de milliers de nouveaux élèves dans les études secondaires que les collèges sont construits à la chaîne. Entre 1966 et 1975, c’est un collège par jour qui sort de terre en France. Mais dans les années 1970 un vent de révolte souffle sur la société. Dans son ouvrage Surveiller et punir (1975) le philosophe Michel Foucault écrit que le lycée à la française est un dispositif de dressage et de surveillance la jeunesse, un lieu de domination de l’enseignant sur l’élève, un lieu dont l’architecture même ressemble à une prison.

vers des espaces plus flexibles et ouverts

Pour faire face à ces critiques, et au problème de l’échec scolaire, un courant de réflexion sur l’architecture des écoles se développe depuis les années 2000 et tente d’intégrer différents interlocuteurs dans le débat : des élus locaux, aux architectes en passant par les enseignants, les élèves, les parents, des chercheurs et parfois même des artistes. Demander à une artiste d’imaginer et de réinventer, c’est ce qu’on fait les enseignants et les habitants à Trébédan, en Bretagne. Après plusieurs années de réflexions, l’école est entièrement rénovée en 2014 avec des bâtiments qui respectent les normes écologiques et des salles de classes adaptées aux besoins des enseignants. Dans ce village, l’école n’est plus seulement un lieu éducatif, c’est aussi un lieu social ouvert à tous comme l’explique Matali Crasset, artiste en charge du projet.

« L'école existe dans le village, mais quand on est hors temps scolaire l'école va être partagée avec les villageois, ouverte vers le village. »
Matali Crasset, Artiste en charge du projet de rénovation de l'école primaire de Trébédan, 2015.

En dehors des heures d’ouverture, la cantine de l’école accueille les activités associatives et les habitants peuvent utiliser le cyber-espace et la bibliothèque. Finalement, ces aménagements sont pensés pour durer et s’adapter à différents besoins au fil du temps. Cette flexibilité se retrouve dans les projets d’aménagement des salles de classe qui se développent aujourd’hui. Flexible, modulable et connectée, la salle de classe du futur existe déjà au lycée La Martinière Duchère à Lyon, comme l’explique Pascal Meriaux enseignant d’HG et porteur du projet IDMAN.

« Dans chacune des salles on a fait disparaître le bureau du professeur. »
Pascal Meriaux, Enseignant d'Histoire-Géographie Lycée La Martinière Duchère à Lyon, 2018.

On le voit bien avec ces deux projets, la rénovation et la construction des espaces scolaires pose de nombreuses questions: comment aménager des espaces qui permettent à la fois le travail individuel et le travail collectif ? Comment intégrer  le numérique dans l’aménagements des classes? Comment construire des bâtiments durables, créer des lieux agréables à vivre, pour les élèves et les personnels ? Et quels seront les besoins des élèves et des enseignants dans 10, 20, 30 ans ? Finalement, repenser les aménagements scolaires, c’est faire le choix de l’école et de la société que l’on veut pour les générations futures. Et pour vous elle ressemble à quoi l’école de demain ?

Et pour aller plus loin ...

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Émission préparée par ...

  • Production - Rédaction : Diane Béduchaud
  • Réalisation technique : Sébastien Boudin
  • Habillage sonore : Diane Béduchaud, Sébastien Boudin
  • Musique : Joakim Karuk, Love mode

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