Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Kadékol

Navigation

L'éducation a sa webradio

ENS Lyon - cobranded.svg

 

Retrouvez les relais de Kadékol

Vous êtes ici : Accueil / EN QUÊTE D'ÉCOLE / #13 Enseigner les faits religieux à l'école laïque

EN QUÊTE D'ÉCOLE : épisode 13 (10/09/2021)

Enseigner les faits religieux à l'école laïque

L’École est la première institution laïque de France, laïque c’est à dire théoriquement séparée de la religion et neutre par rapport aux croyances. Si l’école est laïque, pour autant le fait religieux n'est pas absent du cursus ou de la vie scolaire. Les élèves viennent à l’école avec leurs croyances, leurs idées, leurs préjugés sur les religions, et une des missions des enseignants est de les aider à réfléchir, à raisonner, aborder ces questions sous l’angle de la connaissance. Pourtant cet enseignement n’est pas toujours évident, et pose de nombreuses questions. Alors pourquoi et comment enseigner les faits religieux dans l’école laïque ? Pour le savoir nous avons mené l’enquête.

UN REJET TOTAL DES RELIGIONS à L'éCOLE Avec les LOIS FERRY 

Entre l’École de la République et la religion on ne peut pas vraiment parler d’une histoire d’amour. En 1882 les lois Ferry font de l’école primaire une institution publique, gratuite et surtout laïque. L’enseignement religieux est remplacé par des cours d’instruction morale et civique et les familles qui souhaitent donner une éducation religieuse à leurs enfants, doivent désormais le faire en dehors de l’école.

« L’instruction religieuse appartient aux familles et à l’Église, l’instruction morale à l’école. »
Lettre de Jules Ferry aux instituteurs, 1883. 

Les instituteurs laïcs remplacent les curés et les religieuses. C’est l’époque des Hussards noirs de la République, des instituteurs dévoués et engagés qui transmettent les valeurs républicaines à tous les élèves de France à l’image du père de Marcel Pagnol. Avec la loi de 1905, qui déclare la séparation de l’Église et de l’État, la neutralité scolaire s’accentue : les cérémonies ainsi que les emblèmes religieux sont interdits dans l’enceinte des écoles publiques et les emblèmes religieux y sont interdits. Cette séparation nette entre l’école et la religion est fortement liée à la manière dont la laïcité s’est construite en France, dans une logique anticléricale qui visait d’abord l'Église chrétienne. 

L’unique région qui n’est pas marquée par la séparation de l’Eglise et de l’Etat c’est l’Alsace Moselle, où aujourd’hui encore, avec le régime concordataire, l’enseignement de la religion ou de la morale fait partie des programmes, comme dans bon nombre d’autres pays européens. Mais dans le reste de la France, les religions ont été mises à la porte de l’école .

Dans les années 1990, un retour des religions À l'école sous l'angle de la connaissance

C’est au début des années 1990 que la question de la religion et de la laïcité à l’école reviennent sur le devant de la scène. En 1989 trois collégiennes de sont exclues de leur collège de Creil parce qu’elles refusent d'enlever leur voile en classe, un événement médiatisé qui vient questionner l’application de la laïcité à l’école. La même année le recteur Philippe Joutard met en avant dans un rapport le manque croissant de culture des élèves vis-à-vis des faits religieux, un manque de culture religieuse qui les empêche de comprendre certains monuments historiques, événements historiques ou actuels ou de comprendre le sens d’une oeuvre d’art et de littérature. 

En 2002 le rapport Debray demande la mise en oeuvre d’une « laïcité intelligente », qui ne rejette pas totalement les faits religieux hors de l’école mais qui leur fait une place sous l’angle des savoirs. La même année est créé l’Institut Européen en Sciences des Religions dirigé par Isabelle Saint Martin. 

Mis à la porte de l’école en tant que croyances, les faits religieux reviennent par la fenêtre dans une perspective savante. Pour autant la religion ne revient pas en tant que matière scolaire, mais comme un enseignement transversal qui s’ancre dans d’autres disciplines telles que l’histoire, les lettres, l’histoire des arts ou encore la philosophie. L’enseignement des faits religieux donne des connaissances générales et culturelles, mais elle s’inscrit aussi dans une perspective d’apprentissage relationnel du vivre ensemble

Le problème de formation des professeurs

Plusieurs associations ont vu le jour depuis une dizaine d’années pour accompagner les enseignants dans ces enseignements dans plusieurs perspectives à la fois laïque comme l’association Enquête, ou interconfessionnelle comme l’association Coexister. Ces associations viennent apporter un soutien et accompagner les enseignants, qui se retrouvent parfois démunis pour aborder ces questions. Cela est d’abord lié à un manque de formation théorique sur ces questions, à la fois sur les religions en elles-mêmes, mais aussi sur la manière d’aborder ces sujets en classe, à partir de cas concrets. S’il existe beaucoup de préconisations, et aussi beaucoup de ressources, le manque de formation est encore un obstacle à surmonter. 

Et puis un autre problème majeur selon la sociologue Françoise Lantheaume c’est le manque de mixité sociale et religieuse entre les élèves, qui empêche les élèves de connaître des jeunes différents d’eux.

Finalement la question de la religion à l’école revient au gré des crises et des attentats, mais c’est une question plus générale, qui ne se limite pas à l’école mais qui se pose à notre société moderne : comment gérer le retour du religieux dans notre société sécularisée, comment conjuguer la laïcité avec le croire, le croire avec le savoir ?

Et pour aller plus loin ...

Des ressources produites par l'IFÉ-ENS Lyon

 

Des articles sur le sujet

 

Des sites utiles

 

Des vidéos et des podcasts sur le sujet 

    Émission préparée par ...

    • Production - Rédaction : Diane Béduchaud
    • Attachée de production : Inés Tchekemian Lanaspa
    • Réalisation technique : Sébastien Boudin
    • Habillage sonore : Diane Béduchaud, Sébastien Boudin
    • Musique : Joakim Karuk, Love mode
    • Remerciements : Claire Ravez

    Fermer