L’éducation à la sexualité est une question vive et pourtant ancienne. En France, l’obligation d’aborder la sexualité humaine dans les établissements scolaires s’est édifiée progressivement à travers un ensemble de textes officiels à partir de 1973 avec la loi dite Fontenet qui prescrivait à l’époque d’aborder la biologie des organes sexuels et les fonctions de reproduction. En 2001, la loi relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception rend obligatoires une information et une éducation à la sexualité auprès des élèves dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupes d’âge homogènes. Où en sommes-nous un peu plus de 20 ans après ? Comment cette éducation est-elle dispensée et surtout, quels en sont les contenus ?
En Europe, l’éducation sexuelle au sein des programmes scolaires a une histoire de plus d’un demi-siècle. Les objectifs de l’éducation sexuelle ont évolué en fonction des priorités en matière d’éducation et de santé publique, mais la plupart des éléments clés sont restés les mêmes. Elle a commencé par la prévention des grossesses non désirées (années 1960-1970), puis a transité vers la prévention du VIH (années 1980) et la sensibilisation aux abus sexuels (années 1990), pour finalement englober la prévention du sexisme, de l’homophobie et du harcèlement en ligne à partir des années 2000. Aujourd’hui, l’analyse des normes de genre et la réflexion sur les inégalités entre les sexes en sont des éléments fondamentaux. Malgré ces repères critiques, il semble que l’éducation à la sexualité ne répond pas suffisamment aux besoins des jeunes. Nous tentons de comprendre pourquoi dans ce Dossier de veille de l’IFÉ n°140.
À partir de travaux récents et/ou fondateurs, majoritairement francophones et anglophones, nous montrerons dans une première partie combien l’outil d’analyse que sont les rapports de genre nous permet de mieux comprendre les enjeux d’une éducation à la sexualité au prisme de l’égalité femme/homme. Une deuxième partie sera plus particulièrement consacrée aux modes de socialisation des adolescent·es en matière de sexualités et au consensus actuel, perçu comme obsolète, de centrer principalement l’éducation à la sexualité sur la transmission des faits biologiques, sur les interdits et sur les risques.