Notre équipe s’est engagée depuis 2019 dans une démarche à la fois collaborative et itérative. Nous avons développé une approche interdisciplinaire impliquant des enseignants et des élèves d’éducation prioritaire prenant appui sur la vivacité de controverses socioscientifiques (CSS) de l’actualité 2020-2023 pour favoriser leur jugement réflexif (King & Kitchener, 1994) et leur engagement dans des raisonnements complexes.
Nos travaux nourrissent le champ de la didactique de questions qui mobilisent et divisent : les Questions Socialement Vives (QSV) (Legardez & Simonneaux, 2006) et prennent appui sur le cadre théorique de la problématologie de ces QSV (Fabre, 2021) posant les questions socioscientifiques controversées comme des problèmes mal structurés, flous voire pernicieux. Les expérimentations conduites dans le cadre de notre LéA ont permis de mettre à l’épreuve une modélisation théorique des approches d’éducation scientifique et politique, et de mesurer le potentiel de cette modélisation à caractériser des situations d’enseignement-apprentissage structurées par la scolarisation de controverse socioscientifique.
Nous avons interrogé l’outillage didactique (Graça & Pereira, 2009) permettant de confronter authentiquement les apprenants à des QSV, de façon à les former à leur prise en charge individuelle et collective. Considérant les QSV comme des nœuds de CSS enchevêtrées nécessitant par nature des approches multi-référentielles (Morin, 2017), nous avons exploré l’intégration de CSS aux progressions de trois disciplines (Histoire Géographie, Anglais, Sciences de la Vie et de la Terre) en classe de 4 et de 3°, afin d’identifier des modalités susceptibles de participer à la fois à une éducation scientifique citoyenne et à une éducation aux médias d’information. Nous avons ainsi produit en parallèle des ressources disciplinaires et leurs articulations interdisciplinaires.

Appréhender de telles questions fait appel à des habiletés de pensée réflexive pour être en mesure de prendre une position éclairée. Ce processus nécessite de sélectionner les renseignements pertinents vis-à-vis de la situation considérée et de juger de leur validité. Mais cette approche expose aussi au risque de relativisme épistémologique, qui réside dans la non-reconnaissance de savoirs stabilisés faisant consensus dans la communauté scientifique, réduisant alors les CSS à des débats d’opinions. Nous avons observé une limitation des niveaux de compréhension épistémique (Kuhn & Dean, 2004) par la capacité des élèves à développer une argumentation élaborée. C’est pourquoi, en prenant appui sur les résultats de Zohar et Nemet (2002) montrant les liens entre apprentissages de savoirs scientifiques et argumentation, notre équipe a enrichi le dispositif avec des situations d’apprentissages de l’argumentation.

	Travail poursuivi au sein du LéA [QSV+] (2023-2026)

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