Guyane
LéA Collège Eugène Nonnon
Le projet Métiss’Art, une recherche impliquée (Communication orale)
S. Alby, ESPE Guyane, UMR SEDYL-CELIA
La classe expérimentale « Métiss’Art » du collège Nonnon est un projet sur quatre années qui concerne un public de 27 élèves de sixième, sans sélection préalable. Il s’agit donc d’un public hétérogène à tous points de vue. Le collège Nonnon accueille un public scolaire dont les conditions de vie sont souvent difficiles, avec des familles en difficultés économiques et sociales (Oddo, 2008). Ces constats ont ainsi conduit une partie de l’équipe pédagogique et de direction de l’établissement à envisager la mise en place de ce projet, et à proposer une collaboration avec des enseignants-chercheurs de l’Université des Antilles et de la Guyane. Cette présentation vise à expliciter la genèse de ce projet commun, la co-construction qui en a résulté, ainsi que les premiers résultats tant en matière de recherche que sur un plan pédagogique. Nous montrerons un exemple de la manière dont les aller-retour entre projet pédagogique et recherche ont conduit à la mise en place d’une d’exposition qui aura lieu en juin 2014 dans l’espace culturel de l’ESPE de la Guyane. Plus spécifiquement, l’objectif est de clarifier la posture du chercheur dans un tel projet en développant une réflexion sur la notion de recherche impliquée par opposition, entre autres, à celle de recherche appliquée. Le point de vue sera celui de la sociolinguistique, champ disciplinaire où « loin des pratiques ‘désincarnées’ de la recherche » certains font le choix d’ « intervenir ‘sur le social’ » (Léglise, 2000 : 5). Nous nous positionnerons vis-à-vis du débat entre une (socio)linguistique interventionniste et non interventionniste en opposant, d’une part, des approches linguistiques faisant le choix implicite d’une éthique scientifique de la non-intervention et selon lesquelles « le statut ‘scientifique’ ne [peut s’assumer] qu’à condition de ne pas intervenir dans la réalité de leur objet » (Auroux, 1996 : 327-328), et, d’autre part, des approches qui s’affichent comme interventionnistes. Nous clarifireons en outre notre position au sein même des approches interventionnistes en mettant en évidence les dérives d’un applicationnisme (Léglise, 2000) qui consisterait en une application pure et simple de savoirs scientifiques, pas toujours adaptés au terrain et ne tenant pas compte des besoins des acteurs, en défendant une sociolinguistique impliquée où le chercheur est un acteur à part entière du projet (recherche participative) se posant la question de la finalité et des bénéfices de la recherche pour tous les acteurs. En prenant pour exemple ce projet d’exposition nous montrerons la manière dont les données recueillies dans le cadre de la recherche qui était initialement basée sur le projet du collège ont été le point de départ d’une réflexion collective, d’une recherche coopérative mettant en relation l’ensemble des connaissances des acteurs et d’un projet pédagogique co-construit.