Mes recherches couvrent presque tous les aspects des développement et apprentissages numériques. Ces dernières années la dyscalculie est devenue un sujet central et a intéressé la presse grand public : cf., les nombreuses interviews dans la presse écrite (e.g., Science &Vie, mars 2010), parlée (e.g., Radio Suisse Romande, 26 avril 2010) et audio-visuelle (e.g., reportage de Canal+ à Nancy2, 23 février 2010). J’ai principalement élaboré et mis en œuvre une méthode d’estimation de la prévalence de la dyscalculie : les résultats vont à l’encontre des statistiques alarmistes (et intéressées) hypertrophiant cette prévalence.
En lien avec la dyscalculie, j’ai étudié expérimentalement l’écriture en miroir chez l’enfant typique de 5/6 ans. L’originalité de mes découvertes sur le sujet a permis leur publication dans nombre de revues, en France (L’année psychologique, Enfance, Revue Française de Pédagogie) ou à l’international (Cortex, Journal of Educational Psychology, Journal of Experimental Child Psychology), ainsi que dans la presse grand public (Cerveau & Psychologie, Gehirn und Geist). Une explication majeure est l’application par l’enfant, qui connaît (à 5 ans) la forme des caractères mais pas leur orientation, l’existence d’une règle implicite d’orientation des caractères vers la droite (dans notre culture).
Journal of Experimental Child Psychology, 115, 356-370. DOI: 10.1016/j.jecp.2013.02.003
This article presents a simple theory according to which the left–right reversal of single digits by 5- and 6-year-old children is mainly due to the application of an implicit right-writin g or -orienting rule. A number of nontrivial predictions can be drawn from this theory. First, left-oriented digits (1, 2, 3, 7, and 9) will be reversed more frequently than the other asymmet rical digits (4, 5, and 6). Second, for some pairs of digits, the correct writing of the preceding digit will statistically predict the reversal of the current digit and vice versa. Third, writing hand will have little effe ct on the frequency of reversals, and the relative frequencies with which children reverse the asymmetrical digits will be similar regardless of children’s preferred writing hand. Fourth, children who reverse the left-oriented digits the most are also those who reverse the other asymmet rical digits the least. An empirical study involving 367 5- and 6-year-olds confirmed these predictions.
[2012] Unraveling the Mystery of Mirror Writing in Typically Developing Children : article de revueFischer J.-P. & Tazouti Y., in: Journal of Educational Psychology, 104 (1), 193-205. doi: 10.1037/a0025735
Most studies of mirror writing have focused on specific populations (e.g., pathological cases) or conditions (e.g., right-handed individuals writing with their left hand); hence, many simple questions about mirror writing in typically developing 5-year-old children remain unanswered. The present study addresses 2 simple but important issues concerning the relation between (a) mirror copying single characters (digits and capital letters) and mirror writing the same characters from memory and (b) mirror writing single characters and mirror writing whole words (e.g., 1st name). To shed light on these issues, the authors carried out 3 experimental studies of children at e´coles maternelles in France. The results offer new insights into the phenomenon of mirror writing. A copying task generated considerably fewer mirror writings than a writing-from-memory task, and there was a significant but weak correlation (r = .22) between single-character mirror writing and name mirror writing. Academic level correlated positively with the mirror writing of characters (r = .15); however, it correlated more positively with correct writing (r = .32) and negatively with no (or other incorrect) writing (r = –.45). This suggests that the mirror writings may occur (depending on the context) between some other incorrect writings (or absence of writing) and correct writings in the development of almost all children. In addition, contextual or situational factors, such as the preceding writing or the position of the writing on the page, had a much stronger influence on mirror writing than individual factors, such as writing hand or gender.
[2012] Que sont nos tables devenues ? : article de revue
Psychologie & Éducation, n° 4, 97-109.
La connaissance des faits numériques élémentaires - les tables si l'on préfère - demeure un objectif essentiel de l'école. Cependant, des données de différentes sources convergent pour suggérer un déclin rapide de cette connaissance. Ce déclin est aussi bien historique (évalué par comparaison de cohortes) que développemental (évalué sur les mêmes sujets). Il peut expliquer plusieurs observations, parfois intrigantes, rapportées dans l'article. L'une d'entre elles concerne la pré-expérimentation d'un test de numératie aux Journées Défense et Citoyenneté: les jeunes participant(e)s, de 17 ou 18 ans en général, ont en effet répondu majoritairement que 54 (cm) divisé par 6 n'est pas égal à 9 (cm) !
[2011] Nouveaux éclairages sur l’écriture en miroir des enfants de l’école maternelle. : article de revueRevue Française de Pédagogie, n° 175, 99-112.
Avec l’enseignement systématique de l’écriture des caractères (chiffres et lettres) et des prénoms, la question du pourquoi et du comment de l’écriture en miroir se pose presque quotidiennement aux enseignants de l’école maternelle. Les progrès des neurosciences (Dehaene, 2007) et les investigations empiriques récentes, par Della Sala et Cubelli (2007) ainsi que dans notre laboratoire, apportent des réponses nouvelles, souvent inattendues et en contradiction avec les idées développées tout au long du XXe siècle. Cet article a pour but de présenter ces réponses nouvelles, en résumant les principales observations qui les étayent. L’une d’entre elles montre l’importance des facteurs contextuels.
[2009] Six questions ou propositions pour cerner la notion de dyscalculie développementale. : article de revueA.N.A.E., 21 (2), 117-133.
L’objectif de cet article de synthèse théorique, méthodologique et historique, est de soulever plusieurs questions – et, parfois, d’avancer des éléments de réponse – pour mieux cerner la notion de dyscalculie développementale. Cette dernière en a bien besoin. Ne serait-ce qu’en raison de la cacophonie qui entoure l’estimation de sa prévalence. Cette cacophonie, avec les facilitation et vitesse actuelles des communications, semble en effet loin de s’estomper. J’en donnerai pour preuve les reportages sur l’observation, récente et à grande échelle, des dyscalculie et dyslexie développementales (Reigosa et al., 2008). Suite à la diffusion de ses résultats par Butterworth (qui était associé à cette observation conduite à Cuba), notamment au festival des sciences de Cheltenham au mois de juin 2008, de nombreux sites Internet ont diffusé la nouvelle : la dyscalculie est plus fréquente que la dyslexie. L’Annexe 1 indique quelques sites et les adresses auxquelles on peut trouver l’information précise qu’ils ont diffusée.