Spécialiste de la didactique de l'informatique et de l'usage éducatif des Technologies de l'information et de la communication (TIC) et des usages des TIC des enfants et adolescents, je m'intéresse particulièrement aux diverses manifestations de l'irruption du "numérique" pour l'école:
Fluckiger Cédric, Reuter Yves, (2014), Les contenus « informatiques » et leur(s) reconstruction(s) par des élèves de CM2. Etude didactique, Recherches en Education, n°18, p. 64-78.
Dans le cadre de ce numéro de la revue Recherches en Éducation, consacré aux différentes manières dont la recherche traite de l’élève à l’heure du numérique, nous nous sommes intéressés ici aux relations entre les élèves en fin d’école primaire et les contenus d’enseignement informatiques, notamment ceux proposés par le B2i. Cet article, inscrit en didactique des disciplines, visait à caractériser ces contenus d’enseignement et à cerner quelques traits de la relation des élèves à ces contenus. En faisant appel au concept de conscience disciplinaire, nous avons tenté de déterminer la manière dont les élèves se représentent ces contenus, les (re)construisent, se font une image de leur utilité et de leurs finalités. Les élèves sont donc envisagés ici en tant que sujets didactiques, c’est-à-dire en tant qu’« apprenants en informatique ». Après avoir analysé l'ancrage didactique de notre questionnement et de la démarche de recherche, nous nous sommes donc interrogés sur le statut disciplinaire des contenus informatiques, ainsi que sur la modélisation de l'élève que supposent et/ou qu'induisent ces contenus, avant d'en venir, au travers des réponses des élèves à un questionnaire, à la manière dont les élèves reconstruisent et vivent ces contenus.
Fluckiger Cédric, (2011), De l'émergence de nouvelles formes de distance. Les conséquences des nouvelles pratiques de communication ordinaires sur la FAD dans le supérieur, Distances et Savoirs, Vol.9, n°3, p. 397-417.
Les étudiants disposent d’une large palette d’instruments de communication interpersonnelle et d’accès à l’information qu’ils mobilisent en contexte académique. La diffusion de ces usages a déjà eu comme conséquence une diversification des formes mêmes de distance : les pratiques ordinaires des étudiants constituent de fait une forme de distance présente dans le supérieur. Alors que les recherches se concentrent le plus souvent sur les formes de distances mises en place institutionnellement, cet article vise à explorer les relations entre les pratiques de communication ordinaires des étudiants et les pratiques éducatives en contexte universitaire. Est ainsi mise en évidence l’existence de plusieurs formes de distances dans les formations, dont les caractéristiques sont analysées dans une perspective instrumentale au regard de résultats en sociologie des usages. Plus généralement, la diffusion des usages d’internet, des outils de communication et des réseaux sociaux par les étudiants induit une modification profonde du contexte de la FAD. Enfin, l’article propose un programme de travail autour de l’analyse systématique des situations de communication éducative au regard des pratiques ordinaires des étudiants. Ce travail permettrait de faire la part, dans les pratiques observées, de ce qui est lié aux dispositifs et aux instruments proposés, ou aux habitudes acquises par ailleurs par les apprenants.
Fluckiger Cédric, (2008), L'école à l'épreuve de la culture numérique des élèves , Revue Française de Pédagogie, La culture des élèves, Lyon, INRP, p. 51-61.
Cet article investiguait les rapports entre l’institution scolaire et la culture numérique des élèves, examinés à la lumière de ma recherche de thèse, recherche ethnographique centrée sur les collégiens d’un établissement scolaire. Il montrait comment l’institution scolaire est confrontée aux pratiques personnelles des élèves, qui inscrivent l’usage des TIC dans le processus de construction de soi et d’autonomisation de leurs pratiques culturelles et de communication. Non seulement les outils informatiques sont centraux dans le rapport des jeunes à la culture, en ce qu’ils constituent un moyen d’accès privilégié aux produits culturels, mais ils le sont aussi parce que leur usage et leur maîtrise participent de la définition même d’une nouvelle culture juvénile. Or l’article montrait que certaines difficultés de l’intégration scolaire des TIC sont dues au caractère limité et local des compétences techniques développées par les élèves, associé à une faible conceptualisation et verbalisation des pratiques ordinaires des jeunes. Même dans l’utilisation d’outils logiciels communs aux deux univers (comme le moteur de recherche Google), on peut repérer une structuration différente de l’activité qui fait obstacle au réinvestissement scolaire des compétences techniques. En effet, à l’exception de quelques élèves issus de familles hautement dotées en capital culturel et technique, les élèves ne peuvent trouver ni dans leur environnement familial, ni dans leur environnement amical, les moyens de développer une maîtrise technique qui « dépasse » l’usage profane
Fluckiger Cédric, (2006), La sociabilité juvénile instrumentée. L'appropriation des blogs dans un groupe de collégiens, Réseaux, Vol.138, Paris, pp.109-138.
En France, vers 2005, les pratiques numériques des jeunes adolescents s’organisaient essentiellement autour de la messagerie instantanée et d’une plate-forme de blogs, Skyblog. Supports de la construction identitaire et de la sociabilité horizontale adolescente, leur usage était le résultat de processus d’appropriations complexes dont cet article entendait rendre compte. Pour cela, nous avons mené une enquête ethnographique auprès de jeunes collégiens (11-16 ans) pour comprendre l’appropriation collective et individuelle. L’article a permis de montrer que la signification du blog évoluait avec l’âge, suivant le développement de la sociabilité des collégiens et leur construction identitaire. Si, pour les plus jeunes des collégiens, il est avant tout utilisé pour incorporer les normes et valeurs de la culture juvénile, il devient pour les plus âgés un outil au service de l’expressivité puis de la construction identitaire au sein du groupe.