Une définition de la compétence

Cette capsule rappelle les origines de la notion de compétence, pointe son usage courant, et convoque ce qu'en dit la littérature scientifique. Mettant en évidence que les définitions font fréquemment l'impasse sur les processus de mobilisation et de construction des compétences, elle propose une définition alternative intégrant ces dimensions.

Auteurs : Jean-Claude Coulet pour la capsule, Émilie Carosin pour le texte d'accompagnement

Definition de la compétence par Jean-Claude Coulet

La compétence est « une organisation dynamique de l'activité, mobilisée et régulée par un sujet pour faire face à une tâche donnée, dans une situation déterminée. » (Coulet, 2011)[1].

Trois composantes ressortent de ces définitions :

  • Une organisation dynamique de l'activité qui implique que la compétence ne se manifeste réellement que dans l'activité du sujet qu'elle génère et qui mobilise un faisceau

    1. de compétences “déjà-là” ;

    2. d'outils matériels et/ou symboliques présents ou conviés dans la situation, qui peuvent être utilisés pour médiatiser l'activité ;

  • Cette organisation dynamique est guidée par une tâche, c'est à dire un but à atteindre (Chauvigné, Coulet, 2010[2]) dans des conditions spécifiques, en mobilisant des compétences “déjà-là” reconnues comme adaptées à la tâche et des outils reconnus comme pertinents pour sa résolution. Le but à atteindre et les résultats attendus (anticipation) de la mise en œuvre de la compétence vont donner sens à la situation (Postiaux, Bouillard, Romainville, 2010[3]) ;

  • Une situation implique un ensemble de circonstances et d'éléments contextuels susceptibles d'influencer l'organisation dynamique de l'activité du sujet et la tâche. Ils vont se poser comme ressources ou contraintes pour le traitement de la situation (Jonnaert, Ettayebi & Defise[4], 2009). Les compétences sont « dépendantes des situations et des représentations que les sujets s'en font » (Jonnaert, op.cit., p. 40).

Fondamental

En bref, il faut retenir :

  1. que la compétence existante est un potentiel qui se manifeste dans le traitement d'une tâche dans un contexte déterminé ;

  2. que ce traitement donne à voir une performance, mais pas la compétence à proprement parler ;

  3. que la compétence continue à se construire dans des classes de situations qui permettent de la mobiliser.

Dans le cadre de la formation universitaire actuelle, il est fait référence à la notion de compétences selon différentes acceptions et contextes d'usages : dans les écrits administratifs, dans l'organisation des enseignements, dans l'activité réelle de l'étudiant, dans l'évaluation des acquis d'apprentissage.

  • Un référentiel de compétences « assure le recensement de compétences reflétant celles que mobilisent effectivement les professionnels » (Chauvigné & Coulet, op.cit, p. 21). Ces compétences seront visées dans les situations d'apprentissage ;

  • Une première question se pose, celle du passage (ou de la transformation) de la 'compétence visée' à la 'compétence effective' : les situations d'apprentissage devront alors permettre à l'apprenant de mobiliser ses compétences déjà-là, et d'en construire et reconstruire par ses activités et des rétroactions ;

  • Et finalement, une autre question est celle de l'accompagnement de l'étudiant dans sa réflexion sur l'organisation et le fonctionnement d'une compétence effective en la traduisant en ‘compétence explicitée' à travers divers moyens pédagogiques (le discours, le portfolio, etc.).