Les quatre catégories d’activité de la démarche prospective dans « la fabrique »
‘‘La fabrique’’ a été conçu pour permettre aux utilisateurs de construire, de s’inspirer ou de situer leur activité dans la démarche prospective qu’ils souhaitent mettre en oeuvre. Dans cette perspective quatre catégories d’activités ont été identifiées à partir des expérimentations pédagogiques des enseignants et l’expérience des professionnels de la prospective.
Mise en situation / Compréhension du monde
Cette étape a pour objectif d’aider les élèves à dépasser leurs représentations a priori forgées par leur expérience personnelle, et leur permettre d’élargir leur champ d’analyse et de connaissance sur un territoire. La didacticienne Nathalie Malabre souligne que « l’exercice de compréhension mène à un diagnostic territorial. L’élève prend connaissance du terrain d’étude et les différentes activités proposées lui permettent de qualifier le territoire en question et de définir une situation problématisée. L’enquête de territoire réinterroge la sortie de terrain, la rencontre avec les habitants et les acteurs géographiques, l’utilisation des documents en géographie, les outils mobilisés pour mener l’enquête ou en rendre compte. L’exercice de prospective répond à un enjeu spatial identifié : comment améliorer les mobilités ? Comment enrayer le déclin d’une ville moyenne mal connectée ? Comment dynamiser un espace en déclin de la métropole ? Comment limiter l’étalement urbain ou mettre plus d’urbanité dans un espace périurbain ? Comment aménager une friche en ménageant la cohabitation ? » (juin 2016)
Distanciation
La prospective passe nécessairement par une forme de distanciation. Celle-ci peut être définie comme étant la capacité d’un acteur du territoire, en l’occurrence l’élève, de prendre de la distance par rapport à l’objet de société étudié (un lieu, un espace, un acteur, un système), et ainsi le délester des représentations, interprétations et idées reçues le concernant, dans la perspective de répondre à une problématique spatiale. Cette mise à distance, soutenue par la phase de compréhension, d’enquête et de diagnostic, permettra de proposer des solutions ou de poser des questions mieux adaptées au territoire étudié, allant au-delà des représentations individuelles et sociales.
La phase de distanciation peut passer par une interrogation du futur, mais elle peut également être abordée via d’autres approches (mise à distance de discours d’acteurs territoriaux, débats d’idées, etc.). Ce moment suscite souvent des dynamiques collectives (organisation d’événements, élaboration de projet, etc.) autour d’une problématique commune.
Réagencement
Le réagencement implique une idée de mouvement, d’actions sur un espace, sur des connaissances, des comportements, des pratiques, faisant évoluer l’ordre établi. La phase de distanciation qui a permis à l’élève de produire de la connaissance pour répondre à une problématique spatiale, implique en effet des changements dans les postures professionnelles de l’enseignant et dans les postures de l’élève. Ce dernier est devenu acteur et auteur de ses apprentissages. La manière de percevoir et de considérer la production de l’élève évolue. L’impact peut aussi se faire sentir hors des murs de la classe et de la sphère familiale. Par l’intermédiaire de la prospective, la géographie scolaire est elle-même complètement réagencée au regard de la pluralité des savoirs à mobiliser pour rendre compte de la complexité des espaces et de leurs dynamiques.
Production
Les productions sont les traces que peuvent laisser les élèves à l’issue d’une consigne donnée par l’enseignant, d’une activité entre pairs ou individuelle, liée à une thématique de géographie. Elles peuvent être de différentes natures (écrites, orales, multimédias…) et peuvent ou non faire l’objet d’une évaluation. Certaines productions auront un statut un peu intermédiaire, n’étant pas un but en elles-mêmes mais devenant plutôt des moyens d’atteindre les objectifs d’apprentissage. D’autres productions permettront à l’enseignant d’évaluer les capacités des élèves en fin ou lors de la séquence. En géographie prospective, les productions permettent de rendre compte des différentes phases de la démarche (compréhension, distanciation et réagencement).
