- Apprentissages, professionnalisation et construction de l'expérience
Nos recherches portent sur les processus d’apprentissage et de construction de l’expérience en situation professionnelle. Nous proposons d’étudier plus précisément ces phénomènes en accordant une attention particulière aux dynamiques d’ « étonnement » (Thievenaz, 2013, 2014) en situation d’action. Nous partons du postulat selon lequel l’étonnement constitue le point de départ de la démarche de connaissance et que celui-ci peut ainsi être repéré et analyser dans ses conditions réelles de survenances au sein de l’activité des sujets. Nous montrons comment le vécu d’étonnement constitue pour les acteurs l’occasion de réinterroger leurs savoirs et d’enrichir leur expérience tout au long de leur existence. Nous investissons pour cela le champ du soin et de l’accompagnement thérapeutique dans une approche par l’activité en mobilisant les concepts et les méthodes de l’analyse du travail en lien avec la formation (Mayen, 2013). Il s’agit par exemple de montrer comment les acteurs du soin transforment leurs manières de penser et d’agir dans des contextes de travail marqués par leur grande variabilité et où la compétence d’ajustement à la singularité de chaque situation constitue le cœur du métier.
[2014] S'étonner pour apprendre : direction d'ouvrage (ou de numéro de revue)
Revue Education permanente, n°200, Septembre 2014.
L’étonnement se situe au cœur du processus de construction de l’expérience et de formation du sujet tout au long de sa vie. En tant qu’initiateur de l’activité réflexive, c’est à travers lui que l’acteur éprouve les limites de ses connaissances et s’engage dans une démarche d’acquisition de nouveaux savoirs et de transformation de soi. Pour des raisons historiques, culturelles et sans doute paradigmatiques, la question de l’étonnement est cependant restée longtemps à l’écart des préoccupations de la formation des adultes. Il est donc grand temps qu’un « retour sur l’étonnement » soit effectué, quitte pour cela à prendre quelque distance avec les définitions universalistes et parfois mystiques qui lui sont associées. Il s’agit de mettre l’étonnement en objet et de l’envisager comme un processus humain pouvant être analysé du point de vue de son origine, de ses modes de survenance, et surtout de ses effets concrets sur la construction du sujet. C’est cet étonnant défi qu’ont accepté de relever les contributeurs de ce 200e numéro d’Education permanente, en prenant parfois le risque de situer leur propos dans des champs théoriques et paradigmatiques qui ne sont pas les leurs. L’étonnement survient là où on ne l’attend pas !
[2013] Le rôle de l’étonnement dans la construction de l’expérience : article de revue
Thievenaz, J. (2013). Le rôle de l’étonnement dans la construction de l’expérience. Education permanente, n°197, p. 113-123.
Cet article est consacré au travail de spécification du rôle joué par « l’étonnement » dans les processus d’apprentissage et de construction de l’expérience des sujets. L’auteur fait l’hypothèse que la capacité des acteurs de s’étonner des situations qu’ils rencontrent mais aussi de prolonger cet étonnement occupent une place particulièrement centrale dans la transformation de leurs habitudes de pensée et d’agir. Les situations professionnelles constituent d’ailleurs un champ d’observation privilégié pour appréhender les rapports entre « activité », « étonnement » et « développement de l’expérience ». Deux études de cas portant sur la démarche de diagnostic des médecins du travail seront dans cette optique présentées et analysées à partir de la théorie de l’ « enquête » de John Dewey. Enfin, une réflexion sur la conception et l’aménagement des situations d’étonnement dans une intention de formation et de développement des acteurs sera ici initiée.
[2013] le travail de l'expérience : direction d'ouvrage (ou de numéro de revue)
Barbier, J-M & Thievenaz, J. dir. (2013). Le travail de l’expérience. Paris : L’Harmattan, coll. Action & Savoirs.
La compréhension de la construction de l’expérience et son utilisation apparaissent aujourd’hui comme une voie majeure de développement de la formation et de la recherche sur la formation. Cet ouvrage porte significativement sur le travail de l’expérience. Manière de signifier que c’est moins le produit de l’expérience qui importe que la manière dont elle se construit et se transforme, chaque étape constituant à la fois l’assise et le moyen de l’étape suivante. L’expérience n’est pas une entité uniforme : elle est à la fois et indissociablement vécu, activité mentale et activité discursive ; les distinctions que l’on peut opérer en son sein sont des distinctions pour l’analyse, et non des entités ontologiques distinctes. L’expérience est aussi le produit d’interactions entre sujets et entre espaces d’activités, ces derniers ayant chacun leurs règles propres, mais associés sous forme de configurations. L’hypothèse principale sur laquelle repose cet ouvrage est donc précisément que le travail de l’expérience, obligatoirement situé dans l’histoire des sujets, consiste en une itération constante entre vécu, élaboration et communication de l’expérience.
L’ouvrage est organisé autour de cinq questionnements:
- les voies d’accès à l’expérience ;
- expérience et association d’espaces d’activités ;
- interactions entre sujets et construction de l’expérience ; - l’analyse de la construction de l’expérience ;
- les rapports entre expérience et formation.
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