N° 31, 2000 : Les sciences de 2 à 10 ansTélécharger l'intégralité du numéro KAHN, Pierre [Article] L'enseignement des sciences, de Ferry à l'éveil p. 9-35 La leçon de choses s'est imposée comme le paradigme de l'enseignement des sciences depuis que cet enseignement a été rendu obligatoire par Jules Ferry. En prétendant solliciter l'observation des enfants, elle sera une figure centrale d'une culture et d'une pédagogie primaires dont les normes n'évolueront guère pendant plus de 70 ans (jusqu'en 1957). A partir de la fin des années 1960, l'éveil bouleversera profondément ce vénérable modèle. Anti-positiviste et anti-empiriste, il récuse l'observation didactique ; au nom d'une approche frontale de la complexité des opérations cognitives, il s'oppose à la vieille idée d'une progression du simple au complexe ; au service d'une pédagogie moderniste prenant en compte la totalité du développement de l'enfant, il refuse l'intellectualisme traditionnel et le cloisonnement des disciplines. L'éveil scientifique est plus à cet égard le résultat particulier d'un mouvement général de rénovation pédagogiques, qu'une nouvelle didactique des sciences. Mais c'est en retournant d'une certaine façon aux sources de la leçon de choses que l'éveil prétend la dépasser : il veut réaliser le vieux rêve de l'élève actif qui était déjà celui de Jules Ferry, et même de Victor Duruy. Les transformations institutionnelles de l'école qui avaient fait naître le projet de l'éveil se retourneront cependant contre lui : une école primaire devenue propédeutique du second degré réintroduit en force les découpages disciplinaires que l'éveil avait voulu mettre en cause. Il n'est pas sûr, pour ce qui est de l'enseignement des sciences, qu'il y ait lieu de s'en féliciter.
|
|