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Pays : France  Langue(s) : français 

Les "élèves à besoins éducatifs particuliers" (EBEP) : regards des sciences sociales


Date :  du 15-06-2023 au 16-06-2023

Lieu :  Besançon

Modalité :  présentiel

Organisation :  INSPÉ de l'université de Franche-Comté


Programme : 

Employée dans divers sens et pour divers objets et sujets, la notion d’« élèves à besoins éducatifs particuliers (EBEP) » apparaît comme une catégorie « floue »[1], extensive, voire « fourre-tout ». Elle a émergé dans le cadre de la mise en œuvre d’une éducation inclusive, qui est devenue une priorité pour de nombreux États membres de l’Union Européenne[2]. Cette éducation est soutenue par la Commission européenne et promue conjointement par l’EADSNE et l’UNESCO.

   La littérature scientifique, et notamment sociologique et psychosociologique, montre que cette notion concerne de nombreux élèves inscrits dans des problématiques éducatives variées (« Dys », « EIP », « EANA », etc.). Ils partageraient en commun le fait d’être « considérés comme en écart par rapport à la norme scolaire et nécessitant un accompagnement spécifique pour réussir à l’école »[3]. Si la catégorie « EBEP » concerne avant tout les élèves handicapés, en difficultés scolaires ou cognitives, allophones ou encore en décrochage, elle peut aussi désigner des situations d’excellence pour certains élèves de l’éducation prioritaire[4]. Si elle renvoie à des logiques d’insertion scolaire et sociale[5], elle peut également relever d’une logique de distinction[6].

   Ainsi assistons-nous à une multiplication de nouvelles notions et/ou concepts gravitant autour des « EBEP » (« nouveaux besoins particuliers », « inclusion », « accessibilité », « élèves à haut potentiel ou « intellectuellement précoces », etc.), qui sont autant d’injonctions institutionnelles dans le contexte de la mise en place de l’« école inclusive ». Ces catégories se traduisent, semble-t-il, par la démultiplication de dispositifs. Une partie des travaux sur la question souligne les effets ambivalents que peuvent produire ces processus de catégorisation par les pouvoirs publics sur la différenciation sociale des élèves mais aussi sur tout un ensemble d’autres acteurs. C’est le cas des professionnels de l’éducation, notamment des enseignants[7] mais pas seulement, dans la mesure où l’on assiste à une intensification de remédiations socio-éducative, psychologique, paramédicale ou encore médicale qui participent à un processus général d’externalisation des difficultés scolaires[8].

   Ce colloque sera un lieu privilégié pour prendre de la hauteur sur la production, la diffusion et les effets de l’usage de ces catégories. Comment celles-ci sont-elles devenues des catégories d’action publique ? À travers quel travail institutionnel ? Quels enjeux symboliques, sociaux mais aussi concrets posent-elles aux professionnels de l’éducation qui doivent s’en saisir, ainsi qu’aux familles des élèves concernés ? Qu’est-ce qu’elles nous disent du système actuel d’enseignement ? Que veut dire l’ « inclusion » dans une école qui demeure ségréguée par bien des aspects ? La multiplication des notions actuelles relayées souvent par le discours institutionnel participe à la construction de sous-territoires très spécifiques déployant un vocabulaire hyperspécialisé. Par conséquent, un autre objectif du colloque sera de (re)construire du lien entre différents territoires et champs de recherche qui peuvent parfois être pensés isolément (« élèves DYS » vs « élèves à haut potentiel » par exemple). Au-delà, il peut être intéressant de se demander dans quelle mesure et comment les « EBEP » s’inscrivent dans la stratification scolaire et sociale, et comment cette notion s’articule à celles d’inégalités, de trajectoire et d’« intégration » scolaires. Au total, notre colloque visera ainsi à éprouver les schèmes d’interprétation des problématiques éducatives dans le contexte de la mise en place d’une « école inclusive ».

   Seize personnalités scientifiques, reconnues comme expertes de ce champ, sont invitées afin de s’interroger sur ces catégories. Le colloque sera structuré en 5 axes:

Session 1 : La genèse de la catégorie EBEP comme catégorie d'action publique

Session 2 : Une catégorie au service des élèves ? Entre idéal philosophique et réalité de terrain

Session 3 : Le besoin éducatif particulier, entre familles et école

Session 4 : Élèves et stratification sociale

Session 5 : Les effets de la catégorie EBEP sur le travail des professionnels de l'éducation

PROGRAMME DU JEUDI

8h30 : Accueil des participant.e.s
 
9h00 : Introduction
 

9h30 – 13h00 : Session 1La genèse de la catégorie EBEP comme catégorie d’action publique

  •      9h30-10h10 : Romuald Bodin (PU, Université de Nantes, CENS), Un objet non social ? Les enjeux d’une sociologie du handicap
  •      10h10-10h50 : Serge Ebersold (PU, CNAM Paris, LISE), Politiques inclusives, dynamiques de catégorisation et réinvention de l’inéducable

   

 Pause

 

  •      11h10-11h50 : Marianne Woollven (MCF, Université Clermont-Auvergne, LESCORES), Les besoins éducatifs particuliers : une catégorie transnationale qui interroge la norme scolaire
  •      11h50-12h30 : Laurent Bovey (CE, HEP Vaud, LATEFA), Ce que le besoin éducatif particulier fait aux statistiques. Effets d’une réforme « à visée inclusive » sur la catégorisation administrative des élèves

    

Discussion 

 

14h30-16h10 : Session 2 « Une catégorie au service des élèves ? Entre idéal philosophique et réalité de terrain»

  •      14h30-15h10 : Fabienne Montmasson-Michel (MCF, Université de Poitiers, GRESCO), Accompagner de lycéens et lycéennes d’ULIS Lycée pro TCF à la réflexivité professionnelle : entre déconstruction du stigmate et violence symbolique
  •      15h10-15h50 : Joël Zaffran (PU, Université de Bordeaux, CED), L’inclusion au prisme des expériences scolaires. Lectures sociologiques d’une politique publique

 

Discussion

Pause

 

 16h30-18h10 : Session 3 « Le besoin éducatif particulier, entre familles et école»

  •      16h30-17h10 : Hugo Dupont (MCF, Université de Poitiers, GRESCO), De l’exil à l’inclusion scolaire. Le rôle des dispositifs dans le parcours de jeunes d’ITEP
  •      17h10-17h50 : Alexandre Sotirov (CE, HEP Vaud, LATEFA), Lutter « pour » l’enfant au seuil de la scolarité obligatoire

 

Discussion

PROGRAMME DU VENDREDI

8h00 : Accueil des participant.e.s

8h30-9h50 : Session 4 « Élèves et stratification sociale »

  • 8h30-9h10 : Mathias Millet (PU, Université de Poitiers, GRESCO), Des élèves si particuliers. Les ULIS, un cas d’institution du handicap socio-culturel
  • 9h10-9h50 : Léa Dousson (Docteure en Sociologie, Université Lumière Lyon 2, Triangle), La catégorie d’enfant « à haut potentiel intellectuel » : une catégorie à consistance variable selon les caractéristiques sociales des familles.

 

Discussion

Pause

 

10h20-12h20 : Session 5 « Les effets de la catégorie EBEP sur le travail des professionnels de l’éducation»

  • 10h20-11h00 : Frédéric Charles (PU, Université Picardie Jules Verne, CURAPP-ESS), Serge Katz (MCF, Université Picardie Jules Verne, CURAPPESS) et Florence Legendre (MCF, Université de Reims Champagne-Ardenne, CEREP), Quels effets des EBEP sur le groupe professionnel des Professeur.e.s desécoles ?
  • 11h00-11h40 :  Christophe Chevalier (Docteur, Université Aix Marseille, LEST), Arthur Imbert (Doctorant Université Aix-Marseille, LEST) et Alicia Jacquot(Doctorante Université Aix Marseille, LEST), Des travailleuses éducatives de l’inclusion scolaire. Les AESH, entre autonomie, sens au travail et trajectoire biographique.

 

Discussion puis clôture du colloque



URL :  https://colloque-ebep.univ-fcomte.fr/.../

• résumés :  https://colloque-ebep.univ-fcomte.fr/.../


mot(s) clé(s) :  besoins éducatifs particuliers