N°27 - 1998 :
Les savoirs de la pratique. Un enjeu pour la recherche et la formation

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LAÉ, Jean-François MURARD, Numa
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[Article] Les récits du malheur
p.83-91


Si les sciences sociales et leurs enquêtes veulent tenir compte de la perception des sujets, si elles veulent intégrer le sensible et l'instantané de leur expérience sans les asservir brutalement aux exigences du concept et de la rationalité savante, elles doivent emprunter la voie de l'écriture narrative. Dans ce texte, extrait d'une étude plus démonstrative encore, J.-F. Laé et N. Murard justifient le recours à la narration et plus particulièrement à la nouvelle: quand il faut décrire les situations «intensives», quand il faut reconstruire la mémoire spontanée des individus, leurs théories naturelles, leurs convictions, leurs idéaux, etc., toutes choses qu'il faut enfin prendre au sérieux, alors le récit peut seul représenter la mise en scène (ou l'une des mises en scène) dans laquelle ces individus restituent le temps de leur existence en procédant à de telles énonciations.


If social sciences and their surveys are to take their subjects’ perception into account, if they are to integrate the sensitive and the instant aspects of their experiments without brutally subjecting them to the requirements of concept and learned rationality, they must take the way of narrative writing. In this paper which is an excerpt from an even more illustrative study, J.-F. Laé and N. Murard justify the use of narration and more particularly short-story writing: when "intensive" situations have to be described, when the spontaneous memory of individuals, their natural theories, their convictions, their ideals, etc., in fact, all that has to be taken seriously into account, have to be reconstructed, then story telling is the only way of representing the scene (or one of the scenes) in which these individuals restore the time of their existence by producing such statements.