Evaluer un programme

Auteurs : Catherine Loisy et Emilie Carosin

L'évaluation d'un programme vise “à vérifier si le programme répond aux besoins de formation, s'il atteint ses objectifs, si les groupes concernés sont satisfaits de la formation offerte et acquise et si les ressources investies étaient suffisantes” ( Allaire et Moisan[1], 1993, p. 10).

Cela suppose de vérifier la correspondance entre les différents éléments du programme et comment ceux-ci sont traités à différents niveaux de la formation. L'objectif de l'évaluation est d'améliorer la qualité du programme de formation proposé, pour qu'il atteigne la qualité initialement souhaitée par les différents acteurs de la formation, notamment l'équipe pédagogique et les étudiants. Inclure ces acteurs dans un processus d'évaluation, voire d'auto-évaluation du programme a de nombreux avantages. Selon Allaire et Moisan[1] (1993, p. 10-11), cela permet :

  • de favoriser la participation des étudiants au développement du programme en leur demandant leurs avis et qu'ils se sentent partie prenante de la formation ;

  • de valoriser le travail des enseignants et de soutenir leur motivation en envisageant l'évaluation dans une perspective de développement professionnel ;

  • de soutenir la coordination au sein de l'équipe pédagogique en mettant en lien les cours et en précisant leurs contributions à la formation globale de l'étudiant ;

  • d'identifier avec les gestionnaires du programme la valeur de la formation offerte, dans le but de l'ajuster et de l'améliorer.

Méthode

A partir des dimensions de la qualité identifiées par Bouchard et Plante[2] (2002), Tremblay[3] (2012), Demeuse et Strauven[4] (2013), il est possible d'envisager l'harmonie des différents éléments du programme et du contexte dans lequel il est réalisé :

La pertinence : Quels sont les liens de conformité entre les buts du projet de formation (formulés dans le profil de sortie, les référentiels de compétences et de formation) et les besoins auxquels il doit répondre :

  • besoins propres aux filières universitaires ?

  • besoins propres aux étudiants en fonction de leur profil d'entrée et de leurs attentes ?

  • besoins de la société en termes de profils et de situations professionnels ?

La cohérence ou l'adéquation : Les ressources (humaines, pédagogiques, financières, etc.) déployées pour la formation des étudiants suffisent-elles et sont-elles agencées de sorte à réaliser le projet de formation et atteindre ses buts ?

La synergie : Les ressources (humaines, pédagogiques, financières, etc.) sont-elles réellement mobilisées et sont-elles utilisées stratégiquement par l'équipe pédagogique et les étudiants pour atteindre les buts de la formation ? Les actions des acteurs sont-elles coordonnées, communiquées et organisées au service de la formation et de ses buts ?

L'à-propos ou la congruité : Le contexte organisationnel ou institutionnel dans lequel s'inscrit le programme de formation facilite-t-il ou inhibe-t-il la réalisation du projet de formation et l'adhésion des différents acteurs ?

L'efficacité : Les résultats obtenus par les enseignants et les étudiants correspondent-ils aux objectifs du projet de formation initialement fixés et dans quelle mesure ?

L'efficience : Les résultats obtenus sont-ils satisfaisants ou peuvent-ils être améliorés au regard des ressources déployées ?

La fiabilité : Les effets (efficacité) du programme de formation sont-ils également constatés sur d'autres cohortes d'acteurs (étudiants et enseignants), et dans le temps ?

La durabilité : Les effets (efficacité) du programme sont-ils maintenus dans le temps chez les acteurs (par exemple: lors de l'entrée sur le marché du travail des étudiants) ?

L'impact : Les effets imprévus du programme de formation s'inscrivent-ils dans les buts de la formation, et résonnent-ils avec des attentes des acteurs ?

Le bien-fondé : Les effets (efficacité) du programme correspondent-ils aux attentes de l'université, du marché du travail et de la société ?

La flexibilité : Les éléments d'information récoltés dans l'évaluation du programme sont-ils exploités pour adapter les différents éléments du programme et en améliorer la qualité ? Quelle est la marge de manœuvre dont dispose l'équipe pédagogique pour exercer sa réflexivité et ajuster la formation aux besoins et aux fluctuations des acteurs et du contexte ?

Complément

Un guide d'auto-évaluation de programme a été développé par la commission d'évaluation de l'enseignement collégial (premier niveau d'enseignement supérieur au Québec), il propose des critères pour évaluer : 1. la pertinence du programme, 2. la cohérence du programme, 3. la valeur des méthodes pédagogiques et de l'encadrement des étudiants, 4. l'adéquation des ressources humaines, matérielles et financières, 5. l'efficacité du programme, 6. La qualité de la gestion du programme.