N° 12 - 1992 :
Le mémoire professionnel

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VOYER, Jean-Paul
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[Article] Impromptu sur les thèses et leur supervision
p.101-115


La thèse en tant que moyen d'apprécier la capacité et les compétences de l'étudiant est un héritage des Universités européennes du Moyen Âge. Elle a paradoxalement conservé ses principaux traits au fil des siècles, et ceci en dépit même de l'évolution et de la diversification des disciplines enseignées. Cette continuité, cette universalité dissimule mal son imprécision quant à ce que l'on cherche à développer et à évaluer chez l'étudiant. Comment le superviseur (le Directeur de thèse) perçoit-il et tente de dépasser cette ambiguïté ? Quelle conception propre se fait-il de la thèse ? Quel rôle entend-il jouer auprès de l'étudiant ? Deux conceptions de la « supervision » apparaissent. L'une qui pourrait être dénommée « professionnalisante » : la thèse n'étant pour l'étudiant qu'une occasion d'acquérir les outils méthodologiques et techniques nécessaires à la poursuite de recherche dans un domaine précis du savoir. L'autre qu'on pourrait appeler « développementaliste » et où il s 'agirait de favoriser le développement, l'épanouissement global de l'étudiant. Quant à leur rôle, les superviseurs le perçoivent majoritairement comme directif. alors que pour leur part, les étudiants auraient à se plaindre d'une trop grande passivité de la supervision et souhaitent qu'elle soit précise, claire, structurée. Même si intégrer l'étudiant dans les recherches propres du superviseur peut sembler une solution éprouvée, la solution véritable passe par une redéfinition précise de la thèse après avoir analysé ses objectifs et les compétences requises des étudiants.


The dissertation as a means of appraising the ability and skills of students is a legacy from the European Universities of the Middle Ages. It has paradoxically preserved its main features throughout centuries in spite of the evolution and diversification of the subjects taught. This continuity and universality badly conceals its imprecision as to what we try to appraise with the student. How does the supervisor perceive and try to overcome this ambiguity? What is his personal conception of the dissertation? What role does he intend to play towards the student? Two conceptions of "supervision" appear. One which could be called "professionalizing": the dissertation being only an opportunity for the student of showing his skills in a precise field of knowledge: the other which it would be a matter of favouring the development and the global fulfilment of the students. As for their role, most supervisors regard it as coercive, whereas students would seem to complain about a too passive supervision and wish it were precise, clear and structured. Even if integrating the student to the supervisor's personal researches is a well-tried solution, the real solution consists in redefining the dissertation precisely after analysing its objectives and the students required skills.