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Inégalités de genre dans le système éducatif : une hypothèse de décalage culturel de deux dimensions, la désirabilité et l'utilité sociale


Auteur(s) :  AELENEI Maria-Cristina

Date de soutenance :  2015

Thèse délivrée par :  Université Blaise Pascal

Section(s) CNU :  section 16 : Psychologie, psychologie clinique, psychologie sociale

Sous la direction de :  Céline DARNON & Delphine MARTINOT

Jury de thèse :  Yzerbyt, Vincent ; Martinot, Delphine ; Damon, Céline ; Butera, Fabrizio ; Chatard, Armand ; Hischauer-Rohmer

 

"Ce travail de thèse a pour but de proposer un modèle explicatif intégratif pour rendre compte à la fois de la suprématie des filles à l’école (cycle primaire et secondaire) et de leur parcours dans l’enseignement supérieur paradoxalement moins performant que celui des garçons.Nous proposons que le système éducatif lui-même, en tant que système social, possède une culture à laquelle les élèves et les étudiants devront s’adapter et dans laquelle ils devront réussir. Nous faisons l’hypothèse que le profil axiologique d’un élève susceptible d’être évalué positivement à l’école est construit sur des valeurs de dépassement de soi (i.e., indulgence, coopération, entraide, sagesse), créant un décalage culturel défavorable aux garçons, alors que le profil axiologique d’un étudiant susceptible d’être évalué positivement dans l’enseignement supérieur est construit sur des valeurs d’affirmation de soi (i.e., ambition, compétitivité, influence, dominance), créant un décalage culturel défavorable aux filles. Cette évaluation positive de l’élève/étudiant se décline en deux sous-dimensions : la désirabilité sociale (i.e., le degré de sympathie de l’individu) et l’utilité sociale (i.e., ses chances perçues de réussite dans un système).L’étude 1 met en évidence que les enseignants considèrent les valeurs de dépassement de soi comme utiles et désirables à l’école, alors qu’ils attribuent aux valeurs d’affirmation de soi une forte utilité dans le contexte sociétal. Les résultats des études 2 et 3 corroborent d’une part que les valeurs associées au contexte de l’école sont davantage des valeurs de dépassement de soi et moins des valeurs d’affirmation de soi, et d’autre part, que les garçons expérimentent une plus faible cohérence ‘trans-contextuelle’ entre les valeurs dans lesquelles ils sont immergés à la maison et celles par rapport auxquelles ils sont évalués à l’école. Enfin, l’étude 4 met en évidence un lien positif entre l’adhésion aux valeurs de dépassement de soi et la réussite scolaire des élèves, spécifiquement chez les garçons.L’étude 5 met en exergue que les étudiants considèrent le dépassement de soi comme faisant l’objet d’une évaluation positive en termes de désirabilité sociale, mais négative en termes de chances perçues de réussite académique (i.e., l’utilité sociale). Similairement, ils attribuent à l’affirmation de soi une évaluation positive sur le plan de l’utilité sociale, mais une évaluation négative en termes de désirabilité sociale. L’étude 6 révèle que dans un contexte académique les femmes adhérent davantage aux valeurs de dépassement de soi que les hommes, alors que les hommes adhèrent davantage aux valeurs d’affirmation de soi que les femmes. Enfin, les études 7 et 8 montrent qu’un contexte académique assignant une forte utilité sociale aux valeurs d’affirmation de soi a un impact négatif sur le sentiment d’appartenance, le sentiment d’efficacité personnelle académique et les choix académiques des étudiantes, mais pas des étudiants."

Abstract

"The aim of the present research program is to propose an explicative integrative model in order to concomitantly address the girls’ superiority in school as well as their less successful career in higher education.We propose that the educative system, as a social system, has its own culture to which the students have to adapt and in which they have to succeed. We hypothesize that the axiological profile of a student more likely to be positively evaluated in school is framed in terms of self-transcendence values (i.e., indulgence, cooperation, helping), creating a cultural mismatch for boys, whereas the axiological profile of a student more likely to be positively evaluated in higher education is based on self – enhancement values (i.e., ambition, competitiveness, dominance), creating a cultural mismatch for girls. This positive evaluation is considered on two underlying dimensions: social desirability (i.e., perceived likability) and social utility (i.e., perceived chances of succeeding in a social system).Study 1 demonstrates that teachers consider the self – transcendence values as being both useful and desirable in school, whereas they assign to self – enhancement values high social utility in the society context. Study 2 and 3 corroborate that the values associated with the school - context are more self – transcendence values and less self – enhancement values. Moreover, they suggest that boys experiment less identity coherence in transitioning from home to school. Finally, study 4 documents a positive relation between self – transcendence values endorsement and school achievement, specifically for boys.Study 5 illustrates that students consider self – transcendence values as underlying a positive evaluation in higher education in terms of social desirability, but negative in terms of perceived chances of succeeding (i.e., social utility). Similarly, they assign a positive evaluation to self – enhancement values in terms of social utility, but a negative one in terms of social desirability. Study 6 reveals that women are more likely than men to endorse self-transcendence values, whereas men are more likely than women to endorse self-enhancement values thereby implying a misfit for women in terms of social utility. Finally, studies 7 and 8 provide evidence that depicting self-enhancement values (versus self-transcendence values) as useful for succeeding (i.e., social utility) undermine female students’, but not male students’ expected sense of belonging, anticipated self-efficacy, and ultimately the academic choices."




mot(s) clé(s) :  genre, inégalités, psychologie de l'éducation