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Pays : France       Langue(s) : français 

Les jeunes "invisibles". De l'émergence d'un problème à l'élucidation des conditions de construction de réponses cohérentes


Auteur(s) :  CABOCHE-BERNOT Claire

Date de soutenance :  2016

Thèse délivrée par :  Université Lumière-Lyon 2

Section(s) CNU :  section 70 : Sciences de l'éducation

Sous la direction de :  Philippe MEIRIEU

Jury de thèse :  Adam, Denis ; Bordes, Véronique ; Delahaye, Jean-Paul ; Dubet, François ; Meirieu, Philippe ; Régnier, Jean-Claude

 

"Trop de jeunes entre 15 et 29 ans rencontrent de nombreux obstacles à leur insertion dans la vie d’adulte. Une description de cette génération et un focus sur les jeunes en déserrance nous permettent d’affirmer, d’une manière générale, qu’ils sont confrontés à un déficit de confiance, ont du mal à trouver leur place dans la société, et qu’une partie non négligeable d’entre eux est entrée en invisibilité (ni en éducation, ni en formation, ni en emploi, ni en accompagnement). Pour prendre la mesure du problème, nous avons construit des statistiques mettant en lumière la géométrie variable de la jeunesse, indiquant les degrés de précarité, de l’insertion à l’invisibilité.

      Le croisement des résultats avec la situation professionnelle des parents, le type de logement et le lieu d’habitation nous permet d’affiner la sociologie des « invisibles ». Les chiffres montrent pour les jeunes, que trois sur dix sont en situation précaire, un actif sur cinq est au chômage, un sur vingt est en invisibilité totale, et parmi les « invisibles », neuf sur dix ne sont plus issus des seules Zones Urbaines Sensibles (ZUS) et deux sur cinq sont issus de milieu plutôt favorisé. Ce qui change radicalement l’image des exclus faisant jusqu’à présent l’objet des « Politiques de la ville ». De plus nous avons comparé deux régions pour montrer que les politiques régionales influencent les résultats statistiques de l’invisibilité. Pour mieux comprendre ce phénomène, nous avons construit un outil de diagnostic : un « Agenda Social de la Jeunesse » qui a permis de critériser les nombreux éléments d’un inventaire exhaustif des outils et structures travaillant avec les jeunes à partir d’une agglomération de la région parisienne, et de comparer l’état de la « jeunesse » dans cinq pays d’Europe. Les résultats de ces deux études mettent à jour les failles de l’offre à tous les niveaux. Certes elles sont multiples, mais relèvent plus de l’empilement, sans réelle coordination ni cohérence. Elles en deviennent inefficaces et sont, de plus, sous-dimensionnées en regard notamment du fort taux de natalité en France produisant les deux tiers de l’accroissement naturel de la population des vingt-huit pays de l’Union Européenne. Par ailleurs, notre pays a mal anticipé les mutations sociétales en matière d’éducation, de formation et d’emploi. Les conséquences sont fondamentales : cela empêche provisoirement de résorber le chômage et explique en partie la situation des jeunes français, le nombre important d’invisibles et leur sentiment de ne plus être des citoyens à part entière. La jeunesse est devenue est véritable sujet de complication pour les décideurs publics, malgré leurs bonnes intentions. Une politique publique de « jeunesse » cohérente doit être pensée en dissociant la gestion préventive du « flux » des décrochés du système de formation et de l’emploi, de la gestion curative du « stock » des « invisibles » nécessitant d’aller les chercher sur le territoire et de repenser la deuxième chance et l’accompagnement jusqu’à leur insertion sociale et dans l’emploi, condition de leur autonomie. Ces deux axes mobilisent des politiques à court terme pour réparer les dégâts du passé, mais ne doivent pas empêcher de penser au long terme, nous obligeant à envisager un changement de paradigme politique. L’emploi est-il encore un élément structurant de la société ? Nous l’entendons comme d’utilité sociale, produisant de la fierté et offrant une place dans la société. Nous pensons que non, alors quel nouveau modèle de société faut-il construire ? Quels outils conceptuels et opérationnels faut-il proposer ? Il nous semble que dans un pays d’abondance, nous devons jouer la carte de « l’humain », en équilibrant les moyens d’assistance pour sortir de l’aide à la survie, les moyens d’insertion pour donner à chacun(e) une place dans la société, et enfin les moyens politiques pour réinscrire les jeunes dans une citoyenneté active. Notre thèse a pour objectif d’ouvrir des pistes de solutions".

      Abstract

      “Invisible” young people
      Emergence of one problem to the elucidation of the conditions of construction of coherent answers

      "Too many young people between 15 and 29 years meet many obstacles with their integration in society as adult. A description and a focus on this young people in difficulty. enable us to affirm, generally, that they are confronted with a deficit of confidence, have difficulty finding their niche in society, and that a considerable part of them become marginalized, apart from education professional training, employment, nor in accompaniment). We call this phenomenon “invisibility”. In order to estimate the problem, we built statistics clarifying the variable geometry of youth, indicating the degrees of precariousness, from integration to invisibility. The crossing of the results with the professional situation of the parents, the type of housing and the place of dwelling enables us to refine the sociology of “invisibility”. The figures show that, in the case young people, that three out of ten are in precarious situation, an active upon five is unemployed, one upon twenty is in total invisibility, and among the “invisible ones”, nine out of ten are not from only Disadvantaged urban areas (ZUS) and two out of five are from rather favored medium. These results change radically the image of excluded people. The actual « city policies » don’t take this reality in to account. being until now the object of the “Policies of the city”. Moreover we compared two areas to show the regional policies influence the statistical results of invisibility. To better understanding of this phenomenon, we built diagnostic tools: a “Social Diary of the Youth” which allowed us to determine the many elements of an exhaustive inventory of the tools and structures working with the young people in the urban area of the Paris region. Then we compare it to the Youth situation in five countries of Europe. The results of these two studies level up to date the fails of the institutions. They are multiple, but raise more stacking, without real coordination nor coherence. They become ineffective and, moreover, are underestimate considering particularly the french strong birth rate producing two thirds of the natural increase in the population of the twenty-eight countries of the European Union. In addition, our country badly anticipated the social changes as regards education, professional training and employment. The consequences are fundamental: that temporarily prevented from reabsorbing unemployment and partly explains the situation of young French, the significant number of “invisible” people and their feeling of exclusion. Youth became is true subject of complication for the public decision makers, in spite of their good intentions. A coherent youth public policy have to be thought by dissociating the preventive management of “flows” of people excluded from the system curative management of the “stock” of the “invisible” people requiring outward journey to seek them on the territory and to reconsider the second chance and the accompaniment in social integration and employment, as a condition of their autonomy. These two axes mobilize short-term policies to repair the damage of the past, but we have to think the long run, and to consider a change of political paradigm. Is employment still a structuring element of society? We understand it as social utility, producing pride and offering a place in society. We think it doesn’t, so which new model of society is necessary to build it? Which conceptual and operational tools are necessary? It seems to us that in a country of abundance, we have to play the card of “humanism”, by balancing the assistance tools to leave the survival way, integration tools to give to each one a place in society, and finally the average policies to replace young people in an active citizenship. Our thesis aims to open some tracks of solutions".



      URL :  http://theses.univ-lyon2.fr/documents/lyon2/2016/bernot_c/pdfAmont/bernot_c_these_udl.pdf


      mot(s) clé(s) :  décrochage, enfance, adolescence, jeunesse