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     Langue(s) : français 

Les transformations des universités françaises


Auteur(s) :  Annie Feyfant, Olivier Rey

Editeur(s) :  Institut français de l'Éducation (IFE)

Date :  03/2017

 

"Ce rapport s’inscrit dans le cadre du « plan Sciences Humaines et Sociales » (mesure 9 : valoriser la recherche sur l’enseignement supérieur) lancé par le secrétaire d’État en novembre dernier. Il ne vise pas à réaliser un état des lieux des recherches concernant l’enseignement supérieur ni à se substituer aux travaux des chercheurs et des équipes qui enquêtent sur ces questions. Son objectif est différent : il consiste, à partir de productions de la littérature française et internationale, à identifier quelques lignes de forces permettant d’éclairer et de questionner les transformations actuelles des universités françaises. Plusieurs préoccupations nous ont guidé dans la réalisation de ce travail.

La première visait à prendre la mesure du processus qui depuis la fin du siècle dernier, quel que soit le nom qu’on lui attribue, associe une dimension plus internationale du paysage de l’enseignement supérieur et de la recherche à certaines évolutions visant à favoriser le développement d’universités comme organisations autonomes. Cette internationalisation a été le moteur d’une certaine modernisation, notamment en Europe, où elle a souvent servi de levier pour mener des réformes nationales et les légitimer.

Des travaux qui se sont intéressés à ces questions, il ressort aussi qu’un modèle d’université s’est diffusé au niveau international, mais que ce modèle ne correspond pas forcément à toutes les missions que les universités assurent ni aux interêts de toutes les populations et territoires.

La deuxième préoccupation s’attachait à discerner les premiers éléments d’analyse scientifique des effets des diverses politiques publiques universitaires menées en France ces dernières années, qui se sont traduites par de nombreux changements des cadres réglementaires. Il apparaît en la matière qu’il faut se méfier d’une analyse trop superficielle opposant les directions universitaires et les personnels dans leur participation aux différents changements organisationnels. En revanche, on peut se demander si certains échelons intermédiaires au sein des universités n’ont pas été les oubliés des différents chantiers de modernisation ou de rationnalisation qui ont caractérisé les évolutions des gouvernements des universités.

La troisième préoccupation tenait en la prise en compte de la qualité de la formation universitaire, dans un contexte souvent marqué par la prééminence de la recherche. Alors que la massification de l’enseignement supérieur est indéniable, les logiques de démocratisation ségrégative continuent à organiser trop souvent les parcours en fonction des hiérarchies sociales d’origine. Accueuillir plus d’étudiants n’a pas grand sens s’il s’agit de les tenir à l’écart des parcours d’excellence ou des diplômes les plus valorisants. Par ailleurs, il est constaté que la qualité des services pédagogiques assurés aux étudiants s’impose de plus en plus comme un facteur d’attractivité internationale, mais que les universités manquent encore de repéres pour améliorer les pratiques enseignantes et la réussite universitaire. Le développement d’une recherche en pédagogie universitaire, si elle dépasse l’échelle individuelle pour s’inscrire dans une vraie dynamique systémique, est riche de promesses en la matière.

Enfin, la quatrième préoccupation visait la formation et l’entrée dans la carrière des futurs enseignants-chercheurs. La diversité des métiers réels exercés par les universitaires, au delà de leurs statuts et des mythes fondateurs, implique sans doute une formation et une pratique plus collectives et diversifiées. La structuration de la formation doctorale est une réponse encore balbutiante, pour sortir du colloque singulier entre le thésard et son directeur et préparer des futurs diversifiés, qui ne peuvent se réduire aux seuls débouchés de l’enseignement et de la recherche. Pour ceux qui entrent dans la profession universitaire, les aléas de recrutement qui marquent encore le système français sont lourds de profondes inéquités de traitement."



Télécharger le document :  http://ife.ens-lyon.fr/.../rapport-shs-mars-2017


mot(s) clé(s) :  enseignement supérieur