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Architecture de l'information, architecture des connaissances


n° 74, avril 2012   

 

Auteur(s) :  Annie Feyfant

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Résumé : 
Visant à appréhender ce que peut-être l’architecture de l’information (AI), peu présente dans la littérature francophone, cette revue de littérature propose quelques éléments descriptifs, sur le rôle, les fonctions et enjeux de l’Architecture de l’information. Celle-ci ne se limite pas au design de site web mais se préoccupe des conséquences de la massification de l’information, notamment quant aux objectifs de repérabilité, d’utilisabilité, d’attention portée à l’expérience de l’utilisateur. Occultant l’un des principaux champs d’application de l’AI, à savoir la gestion de l’information dans les organisations, ce dossier présente les travaux et réflexions relatifs à la gestion de connaissances surabondantes, au rôle des architectes et producteurs de ces connaissances, notamment en Sciences humaines et sociales.
L’architecture de l’information est l’art et la science d’organiser l’information de telle sorte qu’elle soit repérable, gérable et utile, au travers de sites web, de communautés de pratiques qui soient humaine-ment et socialement acceptables pour les personnes concernées. Sa fonction est donc de rendre l’information compréhensible, de simplifier la mise à disposition, la recherche, la navigation, bref, l’usage de l’information, dans l’optique d’une acquisition de connaissances.
Outre la structuration des documents, c’est le design et notamment le design relationnel, mise en relation de l’usager avec l’information « pertinente » et/ou le savoir, sur lesquels se focalisent les architectes de l’information. Cette préoccupation dépasse l’aspect matériel pour prendre en compte l’aspect humain, évolutif, dynamique de l’information.
Il s’agit de produire, traiter, diffuser les connaissances, grâce aux outils web, aux réseaux, pour plus d’efficacité (utilisabilité), de visibilité ou de repérabilité.
Le concept d’AI permet d’appréhender les pratiques d’enseignement à la revendication de nouvelles pratiques offertes par le numérique : Comment avec un ensemble de documents d’une autre nature adapter lecture, écriture et apprentissages et utiliser les potentialités du numérique pour apprendre autrement ?
On peut distinguer actuellement deux vecteurs de transmission des connaissances : les environnements « institutionnels », comme les plates-formes pédagogiques, et tous les lieux de partages collaboratifs ou non (blogs, wiki, etc.). Les premiers sont plutôt structurés en fonction des besoins et objectifs des institutions ou des enseignants. Les seconds ont pour spécificité le mode individuel de production et de publication, l’organisation et le traitement collectifs d’un grand volume d’informations avec un accès plus ouvert. L’essentiel est bien de constituer un environnement propice aux apprentissages.
Cet environnement d’apprentissage connecté fait également référence à des concepts d’équité, de participation, de lien social, mais là encore à un glissement de la notion d’éducation à la notion d’apprentissage ; d’un passage de la consommation d’information à un apprentissage participatif ; du transfert des institutions au réseau.
Au delà d’une « facilitation » dans l’acquisition des connaissances, une approche globale de l’information sur le web se traduit également dans la dynamique des humanités numériques, que constituent cet ensemble ces communautés de pratiques ( de recherches) mobilisant les usages numériques en sciences humaines dans une philosophie transdisciplinaire des plus innovantes.
Le défi de l’architecture de l’information est de bien faire comprendre la nécessité de prendre en compte la globalité des processus de production, recherche et diffusion des connaissances. Se préoccuper du design de l’information, c’est comprendre qu’il est possible (nécessaire) de façonner la manière d’apprendre, d’enseigner, de communiquer, que ces nouvelles humanités transcendent les disciplines et les modalités d’apprentissages traditionnelles.



Abstract : 
Information architecture (IA) has been largely overlooked in French research. This literature review describes the role, functions and key issues of IA. IA is not limited to website design, but also focuses on the implications of mass information, including issues such as findability, usability, and user experience. Setting aside one of the main fields of application of IA (organizational information management), the purpose of this review is to provide an overview of recent research on the management of mass information and the role of knowledge architects and producers, especially in the social and human sciences. Information architecture is the art and science of organizing information to ensure that it is findable, manageable and usable, through websites and communities of practice that are humanly and socially acceptable to those involved. Its function is to ensure that information is understandable and to simplify information availability and accessibility, information research, and information navigation – in short, the use of information – in order to promote knowledge acquisition. In addition to document organization, information architects focus on design, especially relational design (connecting users with ‘relevant’ information and/or knowledge). This concern extends beyond the material dimension of information by also considering the human, evolutionary and dynamic aspects of information. The aim is to generate, process, and disseminate knowledge using web tools and networks to promote greater efficiency (usability), visibility and findability. The concept of information architecture is useful for understanding teaching practices influenced by recent developments and practices in the field of digital technology. The question that arises is how to adapt reading, writing and learning and how to use the possibilities offered by digital technology in order to learn differently using documents of an altogether different nature. A distinction can be drawn between two vehicles of knowledge transmission: ‘institutional’ environments (such as educational platforms) and the various types of collaborative and non-collaborative tools and resources (blogs, wikis, etc.). The former are designed to meet the needs and objectives of institutions or teachers, while the latter involve an individual mode of production and publication and the collective organization and processing of a large volume of more accessible information. The primary aim is to foster an environment that is conducive to learning. The idea of a connected learning environment also involves key concepts such as equity, participation and social cohesion, in addition to involving a shift from the notion of education to the notion of learning – or from information consumption to participatory learning and from institutions to networks. Beyond the question of ‘facilitation’ in knowledge acquisition, a global approach to information on the web also implies a focus on the new digital humanities formed by the communities of practices (or research communities) and considering digital uses in the human sciences as a part of an innovative transdisciplinary philosophy. The challenge of information architecture is to promote awareness of the importance of considering all the processes involved in knowledge production, research and dissemination. To focus on information design is to understand that it is possible – indeed necessary – to shape the way we learn, teach and communicate and that these new humanities transcend traditional disciplines and learning methods.