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Pays : France  Langue(s) : français 

Ecole et droits de l'enfant, Colloque "Education & devenir" 2018


Date :  du 23-03-2018 au 25-03-2018

Lieu :  LHYL, Lycée hotelier-31 Passage de l’Internationale- 59800 Lille

Organisation :  Éducation & Devenir (E&D)

On peut se demander si notre École permet à l’enfant d’apprendre à exercer ses droits et à construire sa liberté citoyenne et plus particulièrement si les situations d’apprentissage installent réellement un milieu propice à l’émergence progressive de l’autonomie des enfants. Autrement dit, n’y a-t-il pas un besoin de recentrage sur les finalités d’autonomie de l’action éducative au sein de l'École ? Intégrer les droits de l’enfant à la formation initiale et continue des personnels ne permettrait-il pas de donner une place plus forte et visible à la déontologie professionnelle et de dépasser les peurs fantasmées ? De même, étendre ou faire vivre la notion de co-éducation (avec les parents, les associations, les structures culturelles...), ne pourrait-il pas permettre une approche plus globale et aussi plus décentrée (éloignée de la relation duelle) de l’enfant et de ses droits ?
La réforme du lycée permettra-t-elle de responsabiliser davantage le lycéen en l’autorisant à être davantage acteur de son propre cursus ? Lui permettra-t- elle, à l’instar de nos pays voisins, de développer davantage ses compétences plutôt qu’un seul transfert de connaissances ?

C’est à toutes ces questions que ces trois jours vont essayer, à défaut de réponses, d’apporter des pistes de réflexion pour nous permettre de faire avancer, ici et maintenant, la prise en compte réelle et polysémique des droits de l’enfant. Chemin faisant, cela nous donnera peut-être le désir d’explorer des propositions concrètes au sortir du colloque.



Programme : 

Quand on évoque les droits de l’enfant, de quoi parle-t-on réellement ? Derrière cette expression qui se voudrait galvaudée, quels sont, de fait, les sens de cette notion ? Ils se déclinent, et ce tout particulièrement depuis 1989, selon deux axes : celui de la protection et celui des libertés. En effet, la Convention internationale des droits de l’enfant pose, en lien avec la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, la notion de protection spéciale due à l’enfant, d’ « intérêt supérieur » de celui-ci. Sa sécurité, sa santé, son intégrité - physique et morale - doivent être protégées. Parallèlement, ou plutôt concomitamment à cette protection, la défense des libertés de l’enfant est posée d’une façon explicite, que ce soit dans les domaines de l’expression, de la pensée, de la recherche d’informations ou encore de son origine culturelle propre.
Le droit à l’éducation est à la jonction des deux notions, à la fois protection de l’enfant et ouverture aux libertés, puisqu’il revendique, dans le respect de chacun, la construction et le développement d’une personnalité propre, visant à préparer un adulte libre, responsable et respectueux.
L'École se doit donc de prendre en compte l’enfant dans sa globalité, ses spécificités (sociales, économiques, culturelles, physiques…) pour l‘amener à ce citoyen libre et éclairé, appelé de nos vœux. Se disant, on prend conscience que la seule passation de compétences, la seule transmission de savoirs ne peut suffire.
Mais, sans véritable connaissance et reconnaissance de l’enfant, de ses origines, de ses besoins, de sa culture, pourra-t-on lui permettre une réelle appropriation des connaissances ? Sans mise en place progressive d’une marge d’autonomie et d’exercice de son libre arbitre, pourra-t-il devenir un citoyen responsable ?

Pourtant…


Pourtant, un élève de terminale S a moins d’autonomie dans son quotidien scolaire qu’un élève de maternelle.
Pourtant, la convention internationale des droits de l’enfant est citée dans moins de 5% des règlements intérieurs des lycées et collèges. Pourtant, les enseignants voient souvent l’expression des droits de l’enfant comme un danger pour leurs propres droits.
On pourrait multiplier les exemples dans notre système éducatif de méconnaissance des droits de l’enfant voire parfois de crainte à leur encontre.
D’autre part, on peut citer les instances démocratiques (CVL, CVC…) dont ont été dotés les lycéens et aussi les collégiens, les contenus disciplinaires (instruction civique, EMC, parcours citoyen, éducation aux médias…) qui font référence explicitement aux droits et obligations de chacun. Mais sont-elles réellement investies et mises en pratique par tous les acteurs, dans tous les temps et les espaces du parcours scolaire ? Si la parole de l’enfant se voit enfin reconnue et entendue, en droit, dans les instances spécialement prévues pour qu’elle s’y exprime, l’enfant est-il vraiment considéré comme un interlocuteur valable dans l’ordinaire de la classe où il passe le plus clair de son temps ?
Parallèlement, si la question du bien-être de l’enfant et de son épanouissement personnel constitue, au moins dans les intentions, une préoccupation nécessaire et légitime qui demande à être mieux prise en compte, ne risque-t-elle pas, si elle n’est pas directement adossée à la question politique du bien commun, d’être interprétée exclusivement en un sens strictement individualiste. A l’heure où émergent, un peu partout, des “écoles du bonheur”, n’est-il pas temps de réaffirmer la nécessité d’une “école citoyenne” ?

Pierre Kahn écrit à propos de la déontologie enseignante : « …les apories d’une école prise entre autorité et démocratie, communauté éducative et pluralisme des choix moraux, institution et professionnalisation, (…) De ces apories, la problématique naissante de l’éthique professionnelle enseignante est à la fois le symptôme et l’espoir incertain et partiel d’une solution. »
C’est bien ces mêmes apories que nous rencontrons, en miroir, en quelque sorte, dans notre interrogation sur les droits de l’enfant à l'École. Les liens sont étroits entre déontologie des professionnels et droits de l’enfant puisqu’ils appartiennent à la fois aux valeurs et aux normes constitutives de l’éthique professionnelle : aux normes par la protection de l’enfant qu’elles induisent, aux valeurs par la force mimétique de la chose enseignée.

On peut se demander si notre École permet à l’enfant d’apprendre à exercer ses droits et à construire sa liberté citoyenne et plus particulièrement si les situations d’apprentissage installent réellement un milieu propice à l’émergence progressive de l’autonomie des enfants. Autrement dit, n’y a-t-il pas un besoin de recentrage sur les finalités d’autonomie de l’action éducative au sein de l'École ? Intégrer les droits de l’enfant à la formation initiale et continue des personnels ne permettrait-il pas de donner une place plus forte et visible à la déontologie professionnelle et de dépasser les peurs fantasmées ? De même, étendre ou faire vivre la notion de co-éducation (avec les parents, les associations, les structures culturelles...), ne pourrait-il pas permettre une approche plus globale et aussi plus décentrée (éloignée de la relation duelle) de l’enfant et de ses droits ?
La réforme du lycée permettra-t-elle de responsabiliser davantage le lycéen en l’autorisant à être davantage acteur de son propre cursus ? Lui permettra-t- elle, à l’instar de nos pays voisins, de développer davantage ses compétences plutôt qu’un seul transfert de connaissances ?

C’est à toutes ces questions que ces trois jours vont essayer, à défaut de réponses, d’apporter des pistes de réflexion pour nous permettre de faire avancer, ici et maintenant, la prise en compte réelle et polysémique des droits de l’enfant. Chemin faisant, cela nous donnera peut-être le désir d’explorer des propositions concrètes au sortir du colloque.

PROGRAMME

VENDREDI 23 MARS 2018

A partir de 13h30 : accueil des participants
14h : Ouverture du colloque
Conférence de Sophie GRAILLAT : la convention des droits de l’enfant
Conférence de Claire BRISSET : « droits fondamental des enfants d’aller à l’école aujourd'hui »
19h30 : Soirée festive au prestigieux Lycée Hôtelier LHYL

SAMEDI 24 MARS 2018

9h : Discours croisés : Bernard DEFRANCE — Jean Pierre ROSENCZVEIG — un Psychologue répondront aux questions des élèves.
Pause
10h30 : 5 Ateliers : Articulation École , Police Justice et droit de l’enfant - Co-éducation, « comment l’enfant peut-il participer activement aux décisions qui le concernent » - Parcours citoyen, « quand l’éducation entre en pédagogie » - Règlements intérieurs et droits des enfants
12h : Repas
14h30 : Conférence
5 Ateliers : Parole d’École, « la parole pour être et agir » Expérience de l’École de Vitruve – Justice, droits de l’enfant et climat scolaire – Co-éducation et gestion des inégalités – La participation des enfants (Unicef) - Droits d’expression et d’association des élèves, expérience du collège Mendès-France de Tourcoing
18h : Visite de la ville de Lille

DIMANCHE 25 MARS 2018

« École et Numérique »
9h : Conférence « L’École protège t-elle les enfants du numérique ? »
11h: Clôture



URL :  http://www.educationetdevenir.net/colloque-2018


mot(s) clé(s) :  enfance, adolescence, jeunesse