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Entre recherches et pratiques

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Pays : France  Langue(s) : français 

Territoires et décrochages scolaires


Date :  du 30-05-2018 au 01-06-2018

Lieu :  Nantes

Organisation :  Université de Nantes

Ce colloque clôture un programme financé par l’Agence nationale de la recherche (convention ANR-14-CE30-0009-01. Le programme TEDS rassemble une vingtaine de chercheurs de quatre laboratoires : le Centre de recherche en éducation de Nantes (CREN) à l’université de Nantes, le Centre Émile Durkheim (CED) à l’université de Bordeaux, Espace et société (ESO-Caen) à l’université de Caen et le Laboratoire d’économie et de sociologie du travail (LEST) à l’université d’Aix-Marseille.

Comité d'organisation
  • Lucy Bell, Doctorante, Centre de recherche en éducation de Nantes
  • Pierre-Yves Bernard, Maitre de conférences, Centre de recherche en éducation de Nantes
  • François Burban, Maitre de conférences, Centre de recherche en éducation de Nantes
  • Pauline David, Ingénieure d'études, Centre de recherche en éducation de Nantes
  • Yves Dutercq, Professeur, Centre de recherche en éducation de Nantes
  • Christophe Michaut, Maitre de conférences, Centre de recherche en éducation de Nantes
Comité scientifique
  • Lucy Bell, Doctorante, Centre de recherche en éducation de Nantes
  • Pierre-Yves Bernard, Maitre de conférences, Centre de recherche en éducation de Nantes
  • Thierry Berthet, Directeur de recherche, Laboratoire d'économie et de sociologie du travail
  • Gérard Boudesseul, Professeur, Espaces et SOciétés - Caen
  • François Burban, Maitre de conférences, Centre de recherche en éducation de Nantes
  • Patrice Caro, Professeur, Espaces et SOciétés - Caen
  • Agnès Checcaglini, Ingénieure d'études, CAR-Céreq
  • Vanessa Di Paola, Maitresse de conférence, Laboratoire d'économie et de sociologie du travail
  • Yves Dutercq, Professeur, Centre de recherche en éducation de Nantes
  • Christophe Michaut, Maitre de conférences, Centre de recherche en éducation de Nantes
  • Stéphanie Moullet, Maitresse de conférence, Laboratoire d'économie et de sociologie du travail
  • Véronique Simon, Ingénieure d'étude, Centre Emile Durkheim
  • Eric Verdier, Directeur de recherche, Laboratoire d'économie et de sociologie du travail
  • Joël Zaffran, Professeur, Centre Emile Durkheim



Programme : 

Appel à projet repousé au 15 janvier 2018.

L’appel à communication s’adresse aux chercheurs des disciplines des sciences humaines et sociales travaillant sur les questions relatives au décrochage scolaire, à partir de méthodologies qualitatives (entretiens, observations, etc.) ou quantitatives (traitements statistiques de données originales ou traitements secondaires de bases de données). Sont également attendus des résultats et évaluations de dispositifs et d’expérimentations.


Peu présent en France jusqu’aux années 2000, cet objet de recherche a depuis lors fait l’objet de nombreux travaux, tout d’abord sur les questions de ruptures scolaires avant la fin de la scolarité obligatoire (Glasman et Oeuvrard, 2004 ; Millet et Thin, 2005), puis plus généralement sur les interruptions de formation secondaire avant la certification finale. C’est ce phénomène qui fait aujourd’hui l’objet d’une définition institutionnelle du décrochage scolaire (Bernard, 2017 ; Boudesseul, 2013 ; Berthet et Zaffran, 2014). Loin que cette définition suffise à caractériser empiriquement les ruptures de formation initiale, le périmètre en matière d’intervention publique et de ciblage d’action éducative reste à interroger. Nous considérons qu’il résulte largement d’une construction sociale et politique (Dorn, 1996) et c’est sous cet angle que le décrochage scolaire sera abordé dans ce colloque.


Plus précisément, cette construction peut être appréhendée sous trois aspects, étroitement imbriqués entre eux. Tout d’abord, au niveau individuel, le décrochage est un processus plus qu’une situation. L’expérience qui mène au décrochage se construit dans le temps, à travers les interactions entre l’élève, les différents acteurs de la communauté éducative et les professionnels intervenant en remédiation (Bernard, 2011 ; Zaffran et Vollet, 2016). Ensuite, au niveau macrosocial, le décrochage scolaire questionne la place du diplôme comme norme sociale d’achèvement des études secondaires et d’insertion professionnelle. Il révèle également les profondes inégalités sociales de parcours, le décrochage se concentrant dans les milieux populaires (Bernard, 2016). Enfin, au niveau politique, le décrochage scolaire s’est construit comme problème public, sous l’impulsion de normes internationales (Sommet de Lisbonne, Europe 2020) et de la mobilisation d’acteurs se situant à la périphérie du système éducatif (associations, professionnels de l’insertion, etc.). Cette mise à l’agenda se traduit par de nouvelles configurations d’acteurs (partenariats, réseaux, etc.), par des dispositifs, des instruments et des outils plus ou moins nouveaux mais qui d’une certaine manière interrogent la forme scolaire (Berthet et Zaffran, 2014).


Dans ce cadre, les effets des contextes territoriaux ont été peu explorés par la recherche en France. De même la diversité des parcours et des motifs de décrochage des jeunes qui en découle a été souvent négligée au profit d’une conception du décrochage scolaire comme phénomène homogène. Le programme TEDS s’est attaché à explorer ces dimensions. Le colloque sera l’occasion d’en présenter les résultats de recherche, et de les mettre en discussion à la lumière des contributions d’autres chercheurs.  
Le colloque propose d’élargir la réflexion aux problématiques des ruptures de formations supérieures et à la comparaison internationale. Enfin, le colloque sera l’occasion d’examiner au plus près la question des pratiques professionnelles de prévention, d’intervention et de remédiation en direction des jeunes à risque ou en situation de décrochage scolaire.


Les communications proposées pourront s’inscrire dans un des trois axes suivants :

Axe 1 « Les jeunes en situation de décrochage scolaire : facteurs de risque, motifs d’interruption, insertion professionnelle »

Les risques de décrochage scolaire relèvent de multiples combinaisons de facteurs sociaux, économiques, institutionnels et sanitaires. En particulier, certaines caractéristiques sociodémographiques et scolaires des jeunes en situation de décrochage scolaire sont désormais bien établies : plus souvent de milieu défavorisé, rencontrant des difficultés précoces dans les apprentissages scolaires (Afsa, 2013), les jeunes en décrochage ont connu plus fréquemment une scolarité perturbée. D’autres facteurs de risque familiaux, interpersonnels, individuels, psycho-sociaux ou liés à l’expérience scolaire (situation familiale, genre, influence des pairs, orientation contrainte, territoires, établissements scolaires fréquentés, climat scolaire, états affectifs négatifs, etc.) ont été identifiés (Blaya et Fortin, 2011 ; Boudesseul et al., 2016 ; Janosz, 2000 ; Khouaja et Moullet, 2016 ; Rumberger, 2011). Ces facteurs peuvent aussi être reliés entre eux, de sorte que leur cumul augmente encore le risque de décrochage. Un premier volet dans le cadre de cet appel à contribution consiste à réinterroger ces facteurs au regard des contextes nationaux ou territoriaux spécifiques.
Un deuxième volet porte plus précisément sur les motifs d’interruption des études. Il existe une variété de motifs de décrochage des élèves du secondaire établis à partir de l’interrogation des jeunes, qu’il s’agisse d’enquêtes quantitatives ou d’entretiens : souhait d’entrée dans la vie active, lassitude de l’école, exclusion de la formation, etc. (Bernard et Michaut, 2016). Au-delà de la définition institutionnelle du décrochage, le cantonnant à l’abandon des études secondaires, l’arrêt prématuré des études supérieures, participant au taux élevé d’échec en première année universitaire, mérite aussi attention, ainsi que les raisons qui le fondent. Il conviendrait ainsi d’enrichir les recherches qualitatives comme quantitatives sur les raisons qui conduisent certains étudiants à interrompre leurs études supérieures. Plus spécifiquement, il est également attendu des travaux sur le regard que portent les jeunes sur leur décrochage et les manières dont ils vivent cette situation, dans le secondaire comme dans le supérieur.
Le rôle « tyrannique » du diplôme sur le marché du travail français conduit ceux qui n’en ont aucun à des situations particulièrement délicates. En effet, les jeunes ayant interrompu leurs études précocement expérimentent une intégration socio-professionnelle plus difficile, plus souvent et plus longtemps au chômage, plus souvent bénéficiaires de l’aide sociale, plus souvent en emploi précaire le cas échéant… Aussi, un troisième volet porte sur l’insertion professionnelle des jeunes en décrochage mais aussi sur leur éventuel retour en formation (Zaffran et Vollet, 2016) et son impact sur l’entrée dans la vie active. Quels sont les éléments du parcours qui vont faciliter ou freiner cette insertion ? Le retour en formation est-il la panacée ? D’autres pistes de remédiation peuvent-elles améliorer les conditions d’insertion professionnelle des jeunes en situation de décrochage. Ces questions font également sens pour les jeunes sortant sans diplôme de l’enseignement supérieur.

Axe 2 « Pratiques pédagogiques et accompagnement des jeunes en décrochage »

Le décrochage scolaire au prisme des pratiques d’accompagnement ouvre trois voies de recherche.
La première porte sur les résultats scolaires, dont on sait qu’ils ne sont pas sans lien avec l’engagement des élèves dans leur scolarité. Un des motifs du décrochage scolaire proviendrait d’une perte du sens de l’école, à cause ou malgré la gestion didactique des enseignants (Bonnéry, 2007 ; Bautier et Rayou, 2009). La seconde porte sur la manière dont les enseignants conçoivent leur métier et considèrent leur travail. Dans ce cas, ce n’est plus tant le lien entre l’échec du point de vue des apprentissages scolaires et le décrochage scolaire qu’il importe d’analyser que le choix des enseignants d’accorder autant - voire plus - d’importance à la relation aux élèves qu’aux apprentissages (Barrère, 2004). Ces deux voies débouchent sur plusieurs questions : quels sont les effets des pratiques des enseignants sur les ruptures scolaires ? En quoi le travail relationnel des enseignants participe-t-il ou non à la prévention du décrochage ? La prévention et l’intervention relèvent-elles seulement des acteurs de l’institution scolaire ? De façon complémentaire, une troisième voie de recherche porte sur les pratiques d’accompagnement des jeunes en situation de décrochage au travers des dispositifs mis en place par l’Éducation nationale, mais également par les Régions et par les autres partenaires institutionnels : que les actions engagées s’inscrivent dans des logiques de prévention, d’accompagnement ou de remédiation, le travail des enseignants (ou des formateurs) peut être réalisé en concertation ou dans une complémentarité avec celui d’autres acteurs institutionnels de l’environnement dans lequel évolue le jeune (Denecheau, Houdeville et Mazaud 2015 ; Zaffran, 2015). Il s’agit donc, dans le cadre de cet axe, d’accueillir des propositions qui traitent des effets du travail des enseignants mais aussi des autres acteurs institutionnels qui travaillent sur le décrochage scolaire considéré sous l’angle de la prévention ou de la remédiation.

Axe 3 : Politiques de lutte contre le décrochage : partenariats, formations et dispositifs

Les politiques de lutte contre le décrochage scolaire, en matière de prévention, d’intervention ou de remédiation, connaissent un double mouvement d’institutionnalisation et de territorialisation. En France, l’instruction interministérielle de 2009 Prévention du décrochage scolaire et accompagnement des jeunes sortant sans diplôme du système scolaire a établi le cadre des nouvelles orientations politiques sur la question du décrochage scolaire.
Ces orientations répondent clairement aux recommandations formulées dès le milieu des années 1990 par la Commission européenne qui non seulement avait fixé la lutte contre le décrochage comme objectif majeur de la politique européenne (Commission européenne, 1995, 2013 ; EURYDICE-CEDEFOP, 2014), mais y avait directement contribué en soutenant les initiatives locales dans les pays, comme la France, où le gouvernement national n’avait pas encore pris la mesure du phénomène.
Dans le cadre de cet axe, le colloque a pour objectif de discuter les analyses portant sur les dispositifs d’action publique mobilisés dans le cadre de la lutte contre le décrochage en France, en Europe et dans le monde. Ce sera l’occasion de s’intéresser aux dispositifs partenariaux et aux modalités de territorialisation qui les accompagnent.
Cet axe de l’appel à communication vise ainsi à susciter la présentation de travaux portant sur :
-    l’étude sociohistorique de dispositifs locaux ;
-    l’analyse des politiques régionales ou territoriales mettant en évidence la diversité des traductions des mesures prises à l’échelon national ou encore l’inventivité locale ;
-    l’analyse monographique ou comparative des instruments d’action publique ;
-    l’analyse des systèmes d’acteurs territoriaux mobilisés ;
-    l’implication des acteurs économiques et sociaux.
La variété des travaux présentés et le débat entre les contributeurs permettront de s’interroger sur la pertinence de la territorialisation des politiques de lutte contre le décrochage, de mettre en évidence la diversité de leurs effets et de confronter l’expérience française à celles d’autres pays.



URL :  https://teds.sciencesconf.org/.../


mot(s) clé(s) :  approches territoriales, besoins éducatifs particuliers, décrochage, difficulté d'apprentissage