[Article] Le statut des sciences humaines dans le mémoire en travail social
p.63-74


Le mémoire, dans les formations sociales, est une pratique pédagogique ancienne. Elle recouvre des réalités différentes : dossier è partir d'une question pratique, rapport de recherche, élaboration d'un projet d'action. Cette diversité reflète la multiplicité des professions sociales et donc des filières de formation. Les théories de référence sont issues des sciences humaines. Pourquoi ? Tout simplement parce que la professionnalité n'est plus liée à des « qualités personnelles » (générosité, par exemple), mais à des apprentissages en Sciences humaines. Voilà le paradoxe : la professionnalité est recherchée du côté de discours dont la logique est en opposition avec celle, pragmatique, du Travail social. La pédagogie du mémoire est une entreprise semée d'embûches. Elle met à jour les relations problématiques entre Travail social et Sciences humaines. Elle pose la question, brutale, de « l'utilité » de ces dernières ainsi que de leur complicité méconnue avec la morale.


The dissertation is an old teaching practice in the field of social studies. It refers to different realities: it can be a file about a practical question, a research report, the working out of an action project. This diversity reflects the great variety of social jobs and consequently of training channels. The reference theories stem from social sciences. Why? Simply because professionalism is no longer due to "personal qualities" (generosity for instance) or value peculiar to ideological institutions (such as the Church) but to the learning of Social Sciences. Here is the paradox: professionalism is sought in theories whose logic is opposed to the pragmatic logic of social work. The process of teaching through dissertation is a tricky undertaking. It reveals the problematical relations between social work and social sciences. It raises the blunt question of the usefulness of the latter as well as their unrecognized complicity with ethics.