Classe sans notes.

Tous les professeurs d'une classe de sixième évaluent pendant l'année scolaire 2012 / 2013  uniquement par compétences et suppriment, dans le but de mieux cerner les difficultés des élèves, de les aider à progresser et de lutter contre l'échec scolaire. Expérience reconduite avec des élèves de cinquième (ex-sixièmes) en 2013 / 2014.

Sommaire :

1)    Profil de l’établissement, diagnostic

2)    Mise en place du projet

3)    Interdisciplinarité

4)    Evolution et retour sur expérimentation

1)    Profil de l’établissement, diagnostic

Le collège Robert Doisneau, construit en 2003, se situe à Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis. Il s’y concentre des difficultés à la fois sociales et scolaires.

Le collège est classé E.C.L.A.I.R. : Ecoles Collèges Lycées pour l’Ambition, l’Innovation et la Réussite. Il comporte 24 divisions : 7 classes de 6ème, 6 classes de 5ème, 6 classes de 4ème et 5 classes de 3ème et 1 classe d'accueil.  

Dans le cadre du réseau, de nombreuses actions sont développées et des moyens supplémentaires accordés. Quatre professeurs supplémentaires sont présents au collège et dans les écoles primaires du secteur. Il y a quatre Préfets des Etudes, chacun chargé de missions en relation avec le niveau suivi (construction du projet personnel en 3ème notamment).

Les assistants pédagogiques et les professeurs supplémentaires assurent des heures en co-intervention avec les professeurs du collège et les enseignants du primaire. Ces différents partenariats et travaux menés par les équipes éducatives sont mis en place pour pallier aux difficultés que les élèves peuvent rencontrer dès l’école primaire. Différentes compétences ne sont pas acquises lors du passage en sixième. Cette liaison doit permettre la création d’outils communs, une connaissance plus fine des élèves et une meilleure transition premier-second degré.

L’équipe de direction et l’ancien préfet des études ont proposé l’idée d’évaluer les élèves uniquement par compétences et de supprimer les notes.

Nos objectifs sont d’améliorer significativement l’acquisition du socle commun en fin de collège et de connaître, pour chaque élève, la progression de ses acquisitions. Nous souhaitons mener un travail de valorisation de l’élève afin de prévenir le décrochage scolaire.

2)    Mise en place du projet

Fin juin, les enseignants intéressés se sont réunis.
Toutes les matières y participent : certaines sont fortement volontaires.
C'est donc une équipe de  9 enseignants qui s’engage.

En mettant en place cette expérimentation, nous avons plusieurs fortes envies: celle d'évaluer l'élève face à ses connaissances, à ses capacités et non face à la classe, au groupe, celle de supprimer la compétition et celle, surtout, d'aider chacun à progresser. Nous voulons réfléchir sur la relativité de la note et ses conséquences, ses liens avec les apprentissages.

Il a rapidement été décidé que cette expérimentation concernerait une classe de sixième en raison du mode d'évaluation de l'école primaire. Les parents ne devraient pas être trop décontenancés par ce mode de fonctionnement.

Les premiers principes de fonctionnement :

- Chaque matière devra mettre en place, pour un trimestre au moins, sa grille de compétences. Il s'agit de transformer les exigences du programme en compétences à évaluer.
- Nous utiliserons des codes de couleur (rouge, orange, vert) pour valider les compétences. Nous complétons avec un « gold » afin de mettre en valeur des évaluations qui iront « au-delà des attentes ». - Une grille de compétences transversales est définie, pendant de la note de vie scolaire. Elle comporte cinq items :

Présenter un travail propre et clair

Répondre par une phrase complète et correcte

Lever la main et attendre d'être interrogé

Respecter la parole des autres

Apporter son matériel et noter ses devoirs

- Une rencontre avec les parents a été organisée rapidement, à la rentrée, afin de leur présenter cette expérimentation.
- Il est également décidé de ne pas mettre de note trimestrielle dans les bulletins.
- Afin d'harmoniser nos grilles de compétences et de décider d'une date de rencontre avec les parents, deux réunions sont organisées.  Nous ressentons la nécessité de prendre le temps de réfléchir et échanger.

Lors de ces deux réunions, nous avons également clarifié nos objectifs :

- lutter contre l'échec scolaire. Dès la sixième, nous remarquons le décrochage de certains élèves qui rendent des copies blanches, ne notent plus les devoirs à faire ni les leçons à apprendre, deviennent absentéistes. Comment leur rendre l'envie de travailler ? Nous espérons que cette expérimentation leur donnera confiance en leur capacité de réussir.

- lutter contre la démotivation par l'absence de notes qui peuvent être, pour certains élèves, décourageantes voire humiliantes mais valoriser les acquis de chacun. 

- lutter contre la compétition et la pression subie par certains élèves. « T'as eu combien ? », « Qui a eu la meilleure note ? », « T'as eu 05, t'es nul, c'était trop simple ! », « T'as eu 17, j't'ai battu, j'ai 17,5 ». Supprimer les notes empêchera certainement ces remarques,  permettant peut-être de mettre en place un climat de classe plus serein.

- mieux connaître les difficultés de chacun afin qu’enseignants, parents et élèves puissent cerner finement les points à améliorer. C'est, pour nous, l'un des intérêts majeurs de cette expérimentation; malheureusement nous savons que nous ne pourrons pas souvent mettre en place des heures de remédiation. Nous verrons comment nous pourrons utiliser ces indications au sein des heures de cours.

- faire de la classe de sixième une véritable charnière entre l’école primaire et le collège, en diminuant les points de rupture notamment dans le domaine de l'évaluation.

Des mails s'échangent, alimentant la réflexion de chacun. Certaines matières, plus habituées que d'autres à évaluer par compétences comme en S.V.T. ou en E.P.S., font part de leur expérience. 

Nous commençons l'année par la découverte de la classe concernée : la sixième 1 composée de 17 élèves L.V.1 anglais. Le niveau est très hétérogène avec une bonne tête de classe mais beaucoup d’élèves en difficulté, un élève vient de C.L.I.N. et maîtrise peu le français, un autre présente un « blocage » pour le passage à l’écrit et bénéficie du soutien d’une auxiliaire de vie scolaire. Cette classe a été choisie au hasard par l'administration.

Lors de la pré-rentrée, des enseignants ont présenté le projet aux parents.

Les élèves ont bien accepté notre expérimentation, ils ont posé peu de questions.
La réunion d'information a rassemblé 15 familles, ce qui est un très bon chiffre.
Après un accueil par la principale du collège, le projet a été présenté par les enseignants. Nous avons présenté différentes grilles de compétences afin que les parents en comprennent le principe. Nous avons finalement répondu aux questions des parents. Malgré quelques a priori un peu négatifs, les parents ont quitté la réunion convaincus, nous a-t-il semblé.

Très rapidement, nous nous sommes retrouvés confrontés à un problème qui allait devenir assez handicapant, trouver un logiciel : Sacoche (compétences) et Pronote (bulletin).
Réfléchir sur le bulletin et  la mise en place des grilles de compétences nous amène à nous interroger.
Nous décidons de ne garder que trois couleurs (vert, orange, rouge). Il nous paraît important de garder une réflexion par compétences et donc de ne pas créer de liens trop faciles avec les notes.
Nous réaffirmons l'importance de prendre en compte l'évolution des acquisitions des élèves.

Nous pensons vraiment que ce type d'évaluation permet de prendre en compte la progression de l'élève. Alors qu'une moyenne chiffrée n'est faite que d'une addition de notes, l'évaluation par compétences telle que nous l'expérimentons met en avant les progrès. Ainsi un élève passant du rouge au vert n'aura pas une « moyenne orange » sur son bulletin, mais une évaluation verte montrant qu'il a acquis ce qui était à apprendre. Des progrès sont constatés pour l'ensemble des élèves de la classe. 

Dans notre établissement il est de coutume de remettre dans le courant du mois d'octobre un relevé de notes intermédiaire. Nous avons donc décidé de remettre aux parents un « relevé de compétences intermédiaire ».
Globalement, nous ressentons une adhésion des parents, seule une mère d'élève émet des critiques et demande des notes.

Les élèves se sont rapidement habitués à cette façon d'être évalués. Ils ne paraissent pas gênés et semblent avoir trouvé leurs repères. Ils trouvent cette manière d’évaluer plutôt stimulante. Ils disent apprécier le détail des compétences évaluées qui leur permet de mieux comprendre leurs points faibles. Ils demandent cependant la même lisibilité dans toutes les disciplines. Ils aiment aussi le caractère encourageant de cette évaluation, qui ne dit pas qu'  « il n'y a rien de bon dans cette copie ». Ce qui, au départ, a déstabilisé quelques élèves, c'est l'absence de classement. Or, c'est évidemment ce que nous recherchions : faire disparaître la hiérarchie dans la classe. Mais au bout de quelques semaines, ils ont pris l'habitude de ne pas savoir « qui est le premier », « qui a la meilleure note » et ne semblent pas s'en porter plus mal.

Premiers bulletins : à la fin de ce premier trimestre est arrivé le moment de fabriquer nos premiers bulletins et de préparer le conseil de classe. Vaste tâche ! Il faut ensuite lire ces documents pour proposer une appréciation commune qui figurera sur la première page du bulletin. 

Cette dernière tâche de synthèse s'est avérée finalement assez aisée.
Les appréciations par matière étaient également plus développées que dans un bulletin traditionnel. Il semble que l'évaluation par compétences pousse au développement de la parole du professeur sur l'élève. L'analyse plus fine du travail de l'élève permet une parole professionnelle plus riche, plus dense.
Nous nous sommes mis d'accord sur le niveau de validation des compétences transversales pour chaque élève mais puisque les positions des enseignants convergeaient, il y a eu finalement peu de débats. La précision des bulletins et des appréciations permettaient à chacun de comprendre la position de l'autre même si elle ne correspondait pas à la sienne.

Lors de la réunion parents-professeurs, la professeure principale remet en mains propres aux parents présents les bulletins. C'est un point sur lequel nous devons réfléchir, dix pages de compétences, cela peut paraître indigeste, jargonnant parfois. Mais cette longueur nous semble donner du sens à nos apprentissages, à notre choix d'évaluation.

3)    Interdisciplinarité

A la suite d’une réunion de concertation, quelques enseignants ont développé des pratiques interdisciplinaires :

- Un projet interdisciplinaire mathématiques-poésie a été lancé : après avoir étudié les formes poétiques, en particulier le calligramme, les élèves ont dû, par groupes de deux ou trois, créer des calligrammes illustrant des propriétés mathématiques vues au premier trimestre. Ce travail a donné lieu à un affichage en salle de mathématiques et à une présentation devant une autre classe de 6ème.

- Une réalisation d’un calligramme scientifique : s’inspirant de ce projet, que les élèves semblent avoir apprécié, des calligrammes autour de la classification des êtres vivants (clé de détermination) ont été réalisés avec la collaboration du professeur de S.V.T : l’élève devait décalquer la forme d’un être et écrire sa clé de détermination pour en donner le groupe. Ce travail sera intégré à leur carnet de bord réalisé en classe de mer (Portbail). Cette activité a permis de tisser du lien entre les matières et de décloisonner les disciplines. Certains élèves qui refusaient le passage à l’écrit en français s’y sont essayés avec efficacité, confiants dans leur capacité à réussir.

- Un écrit autour de la danse et du français : les élèves doivent créer une chorégraphie avec leur professeur d’E.P.S. exprimant un sentiment, une émotion. Ce travail est complété par la rédaction d’un texte expliquant quel sentiment/émotion ils souhaitaient mettre en mouvements, ainsi que le lien qu’ils font entre le geste et le sentiment. Au préalable, le lexique des sentiments a été étudié.

- Projet Ara (lien blog Ara, http://projetara.wordpress.com/) : les élèves sont impliqués dans ce projet mené par la D.A.R.E.I.C., des échanges sont menés entre la France et le Mexique et/ou le Brésil autour de la biodiversité. Parmi les sujets évoqués dans le cadre de cet échange : l’environnement proche (Clichy-sous-Bois, S.V.T.-histoire-géographie) et l’écosystème marin (classe de mer).

- Classe de mer : pendant le séjour, les élèves ont rédigé quotidiennement le journal de bord de leurs aventures. Cela a permis de les faire écrire, décomplexés, hors du cours de français, en interdisciplinarité. Les compétences 6 et 7 ont pu être évaluées dans trois contextes différents (travail en classe, activités spécifiques, vie au quotidien) :

COMPORTEMENT

A participé activement aux activités

A progressé pour communiquer

S’est adapté au nouveau rythme

A développé une attitude sérieuse

S’est investi davantage

S’est adapté aux variations du milieu

PARTICIPATION AUX TACHES

A participé aux différentes tâches

SENS DES RESPONSABILITES

A respecté les règles de sécurité et d’hygiène

A respecté le matériel, les locaux

A respecté les horaires, les durées d’activité

AU SEIN DU GROUPE

A respecté les autre élèves/enfants

S’est adapté à la vie en « internat »

A respecté les règles de vie du groupe

AVEC LES ADULTES

A respecté les règles de vie

A respecté les différents adultes

AUTONOMIE

A fait preuve d’autonomie

A eu l’esprit d’initiative

A coopéré avec ses camarades

Bilan : ces différents projets nous amènent à donner du sens aux apprentissages, débloquer certains aprioris, gommer la barrière de la langue et devraient nous permettre de trouver nos items transversaux pour l’élaboration du futur bulletin.

4)    Evolution et retour sur expérimentation

L'expérimentation suit son cours sans changement majeur de pratique. La classe de 6ème1, bien qu'hétérogène, possède un groupe motivé et l'évaluation par compétences ne pose pas de souci. Les élèves y sont même attachés. Ils prennent le temps de regarder chaque évaluation corrigée et de remplir leur propre grille de compétences, mise en place.

Les parents apprécient toujours ce mode de travail néanmoins ils nous disent avoir du mal à situer leur enfant: une maman nous explique qu'elle sait ce que son fils fait en classe, ce qu'il doit travailler pour progresser mais qu'elle est incapable de savoir s'il va redoubler ou non. Une autre aimerait pouvoir trouver les résultats de sa fille sur internet, comme pour son fils qui est en 5ème et dont les profs mettent les notes en ligne périodiquement.

La sixième 1 est une classe à profil assez scolaire, les élèves accrochent bien au dispositif expérimenté. 

On peut prendre le temps de lire les compétences et de regarder la progression. Les élèves plus faibles de la classe ne sont pas en rejet du système et donc fonctionnent relativement bien avec les compétences, qui les valorisent suffisamment. Les élèves aiment les gold et les attendent.

On peut observer que le rapport des élèves avec l'évaluation par compétences est celui escompté. Les élèves n'ont pas d'approche comptable : qui a le plus de verts, combien de rouges... Ils n'ont pas cherché à recréer des classements.
Il est évidemment difficile de mesurer l'impact d'un système d'évaluation sur les élèves. Toutefois les discussions entre les membres de l'équipe permettent quelques remarques : l'observation des réussites leur a permis de réussir cette année. Certains élèves en difficulté, sont valorisés sur les efforts qu'ils entreprennent. Une note n'aurait pas permis de marquer des aspects positifs dans des devoirs très faibles.

Globalement, le bilan nous paraît positif : nous avons vu une classe fonctionner normalement (avec des incidents  dans la normalité d'une classe de sixième d'un collège E.C.L.A.I.R.).

Si l'expérimentation a pu porter ses fruits (tout au moins en partie), c'est que les enseignants ont pu mettre en place quelques outils, expliquer les enjeux des compétences, la nécessité de les analyser.

De plus, en cassant les repères comme nous l'avons fait (supprimer les moyennes, les classements), nous demandons un effort supplémentaire aux enfants et aux parents pour situer les élèves. C'est une véritable difficulté que nous avons imposée aux parents à qui nous remettions un bulletin de plusieurs pages : effort de lecture, effort de synthèse. Un travail de simplification doit être mené urgemment pour faciliter le travail avec les familles.

Nos pratiques : préparer les cours et évaluations pour cette classe nous a permis de réfléchir à nos pratiques : pourquoi faire ce chapitre ? Comment vérifier qu’ils ont appris, qu’ils savent faire ? Pourquoi leur faire apprendre cette leçon ? Comment repérer d’où vient la difficulté et donc quelle compétence travailler ? Pourquoi évaluer cette compétence et comment ? La plus grande question étant : comment travailler, les faire progresser sur une compétence ?

L’évaluation par compétences a permis un plus grand travail en différencié, mais encore trop rarement, à regret. Ce travail est parfois possible dans certaines matières (co-interventions en mathématiques et français).

Saisir le projet et ses enjeux n’est pas immédiat.

On espère dans les prochains trimestres utiliser nos évaluations pour personnaliser au maximum les activités afin d’aider les élèves à progresser. Les séances différenciées n’exploitent pas suffisamment notre connaissance fine de chaque élève. Notre formation aux manières de remédier à certaines difficultés est incomplète.

Certains élèves ont eu une période, passées les premières semaines, de travail minimal et bâclé : ils avaient l’habitude de travailler pour la note et ne voyaient pas toujours l’intérêt de l’évaluation par compétence. Ils se désintéressaient souvent de leurs devoirs et apprentissages. Il a fallu les remotiver par des contenus diversifiés et accrocheurs (projets interdisciplinaires notamment).

Au premier trimestre, l’accent a été mis sur l’autonomie et l’acquisition des méthodologies du collège, notamment la rédaction d’une réponse à une question (complète et correcte). Pour améliorer la compréhension d’écrits, de nombreuses heures de lecture ont été menées : lectures individuelle et collective.

Selon les disciplines, la création de la grille de compétences a engendré de nombreuses réflexions : fallait-il créer des sous-items ? Ne prendre que les domaines et items du socle ? Nous avons finalement décidé de suivre la simplification du livret personnel de compétences.

En français et en S.V.T., sur les évaluations, les items évalués sont indiqués (environ 6 par travaux). L’enseignant, lors de la correction, indique l’état d’avancement des acquisitions : non acquis (rouge) / en cours d’acquisition (orange) / acquis (vert). L’enseignant doit par ailleurs reporter ces relevés sur le logiciel Sacoche. Chaque collégien doit reporter sur une fiche individuelle ses résultats, document qu’il conserve toute l’année. Cela permet à l’élève de visualiser ses progrès.

Nous avons pu également les évaluer en classe lors d’activités ponctuelles ou de leurs interventions à l’oral. Ces évaluations ont permis une légère différenciation des travaux : vérifier la rédaction d’un élève qui en avait besoin, la présentation, faire s’exprimer à l’oral ceux qui en avaient le plus besoin.

L’auto-évaluation et l’évaluation croisée sont aussi des outils agréables à utiliser, elles permettent une meilleure connaissance de soi et une meilleure explicitation des attentes.

Pour le deuxième trimestre, les élèves ont pu connaître leurs pourcentages d'acquisition aux différents items évalués en sciences de la vie et de la terre. Les élèves ont ainsi pu juger leur travail, leurs résultats. Cette annonce a été réalisée en deux temps, groupe A, groupe B. Un seul élève a souhaité connaître son classement et la situation d'une de ses camarades. La majorité des élèves étaient attentifs et ont eu un regard critique et plutôt serein sur leurs résultats respectifs. Cette intervention fut appréciée. Une absence quasi-totale de compétition a été notée. On peut être heureux de constater l'absence de moqueries. Le stress était légèrement plus palpable lors de cette discussion que lors d'une remise d'évaluation. On peut se demander si l’expérimentation sans note aurait favorisé un ressenti plus serein de l’élève sur le collège, qui y vient sans appréhension négative. Certains élèves avaient envie de connaître leur situation même si la plupart ont un regard assez juste et avisé. Les élèves sont ambitieux et souhaitent s'améliorer et progresser. Le lendemain, la séance s'est très bien déroulée. L'impact de cette annonce fut ainsi très positif. Le travail personnel était réel. Les élèves étaient très appliqués, attentifs et impliqués.

Cette expérimentation demande une charge de travail bien plus importante dans la préparation des cours et des évaluations et non dans la correction des copies. Mais elle a enrichi nos pratiques professionnelles :

- elle permet de montrer aux parents le contenu précis de nos enseignements.

- elle permet de rechercher les objectifs communs. Elle permet un vrai travail d'équipe, ce qui n'est pas toujours aisé à mettre en place et qui a été motivant dans les périodes de doute.

- elle permet de clarifier les évaluations. Les élèves savent précisément ce que l'on attend d'eux, ils savent, au retour des copies, ce qui n'a pas été acquis. Il n'y a pas de contestation, d' « injustice » ressentie par les élèves. Des progrès sont constatés pour l'ensemble des élèves.

Les conseils de classe restent des moments forts de cette expérimentation : les décisions sont prises rapidement, les bulletins, explicites et détaillés, permettant à chacun de comprendre la position de l'autre.

Enfin, revenons aux objectifs que nous nous étions fixés pour cette expérimentation :

- Ce système d'évaluation a permis d'éviter tout classement dans la classe. Il n'empêche pas les élèves de se comparer (par le nombre de verts) mais a néanmoins minimisé l'impact de telles remarques.

- En recopiant les codes couleurs dans les grilles de fin de cahier ou en début de classeur, nous avons essayé de forcer les élèves à regarder leur progression, leurs résultats. Nous leur avons demandé de regarder ce qu'ils savent faire par rapport à ce qui était attendu, pas par rapport aux autres.

- Nous espérions motiver et encourager les plus faibles avec cette évaluation à priori moins blessante.

- Il faut aider les élèves à lire les compétences, les accompagner pour que cette évaluation prenne sens.

- Nous avons également conscience que nous devons mieux accompagner les parents. Nous pourrions alors leur présenter un vrai bulletin, leur expliquer plus précisément le fonctionnement de l'expérimentation.

- Les bulletins pourraient être plus synthétiques sans dévoyer notre pratique. Nous pensons que les compétences détaillées donnent du sens à l'évaluation, que mettre en place des catégories assez générales. Pourtant, nous ne pouvons éluder la difficulté de lecture d'un tel bulletin pour les parents.
Nous pourrions repérer des items transversaux afin d’alléger les bulletins en évitant leur répétition.

Pour mener à bien ce projet, un encadrement solide et assidu doit être mis en place. La valorisation du travail d’équipe est une étape indispensable. Les moments de concertation devraient être plus nombreux et réalisés en amont du travail avec les élèves. Il nous semble que ce sont les conditions nécessaires à la bonne réussite de l’expérimentation. 

Des élèves d'autres divisons ont émis le souhait de ne pas être notés et d'intégrer ce dispositif.  

Etablissement

Collège Robert Doisneau

Academie
Créteil
Adresse
Chemin de la vieille montagne
93390 Clichy-sous-Bois
Contact
tel : 01 43 88 82 20

Mots clés proposés :

  • Lutte contre l'échec scolaire
  • Évaluation par compétences
  • Suppression des notes / Grilles de compétences
  • Valoriser / Impliquer
  • Curiosité

Compétences clés visées :

  • Langue Française
  • Langue vivante étrangère
  • Mathématiques et culture scientifique et technologique
  • Techniques de l'information et de la communication
  • Culture humaniste
  • Compétences sociales et civiques
  • Autonomie et initiative